« Le procès Gongadze ne doit pas se tenir à huis clos ! »

Reporters sans frontières est scandalisée par la décision de la juge Irina Grigorieva, en charge du procès du journaliste assassiné en 2000, de tenir les audiences à huis clos et de ne pas appeler à comparaître en qualité de témoins les responsables politiques liés à cette affaire. L'organisation dénonce également l'impossiblité d'accès du tribunal aux journalistes.

Reporters sans frontières est scandalisée par la décision de la juge Irina Grigorieva en charge du procès du journaliste assassiné en 2000, de tenir les audiences à huis clos et de ne pas appeler à comparaître en qualité de témoins les responsables politiques liés à cette affaire. La juge refuse l'accès du tribunal aux journalistes, s'appuyant sur l'article 40 du Code pénal qui stipule que certaines informations dévoilées par les assassins présumés relèvent du secret d'Etat. Les interrogatoires des accusés, l'examen des dossiers et l'annonce du verdict se dérouleront portes closes. « La juge reconnaît le caractère hautement politique de ce procès et refuse de lui accorder toute la transparence qui s'impose. Cette décision est scandaleuse et confirme les pires craintes que l'on pouvait avoir quant au dénouement de l'affaire Gongadze. Ce procès est un véritable test pour la jeune démocratie ukrainienne et le nouveau président Viktor Iouchtchenko. Il était source d'espoir dans la nouvelle marche du pays vers plus de libertés. Mais cette affaire implique des anciens responsables politiques bien trop haut placés pour que l'identité des commanditaires de ce crime affreux soit enfin révélée », a déclaré Reporters sans frontières. Le président Viktor Iouchtchenko, élu en janvier 2005, avait déclaré en mars dernier qu'il ferait une priorité de l'élucidation du meurtre de Géorgiy Gongadze, rédacteur en chef du journal en ligne Ukraïnska Pravda, après l'arrestation des trois policiers ayant sauvagement exécuté le journaliste. Valery Kostenko, Mykola Protassov et Oleksandr Popovitch sont jugés à Kiev depuis le 9 janvier 2006, date d'ouverture du procès. Mais celui-ci n'a guère duré plus d'une heure, la juge prétextant un manque de place dans la salle d'audience où seule une poignée de journalistes ont pu accéder. La reprise du procès n'a eu lieu que quinze jours plus tard, le 23 janvier. La juge a ajouté qu'elle s'opposait à la demande de l'avocat de la famille, Andrey Fedur, réclamant notamment la comparution en qualité de témoins de l'ancien président Leonid Koutchma et de l'actuel président du Parlement ukrainien, Volodymir Lytvyn. Ces deux hauts responsables pourraient être parmi les commanditaires de l'assassinat de Géorgiy Gongadze après que des preuves compromettantes ont été découvertes. « Nous exhortons la justice ukrainienne à permettre la comparution en qualité de témoins des hauts responsables politiques impliqués dans cette affaire. Nous soutenons la demande de la famille dans ses démarches pour exiger que toute la lumière soit faite dans cette affaire », a ajouté l'organisation.
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Updated on 20.01.2016