Le premier numéro d'un magazine de caricatures censuré

La décision du gouvernement malaisien de poursuivre en justice l'éditeur du magazine de caricatures Gedung Kartun "magasin de caricatures" constitue un revers pour la liberté d'expression. La responsable de la communication du ministère de l'Intérieur, Jamilah Taib, a annoncé que l'éditeur serait poursuivi pour avoir publié Gedung Kartun sans autorisation. Pourtant l'entreprise éditrice avait obtenu une licence de publication. "Nous demandons au ministère de l'Intérieur de revenir sur sa décision de suspendre le magazine Gedung Kartun. Il est regrettable que les autorités aient réagi de la sorte en confisquant des exemplaires et en menaçant les éditeurs de poursuites judiciaires. Au contraire, le gouvernement doit permettre aux caricaturistes de s'exprimer librement sur les sujets sociaux et politiques. L'interdiction de Gedung Kartun est un acte de censure grave", a affirmé l'organisation. "Je n'ai pas eu de réponse du ministère sur la licence. Je veux continuer à publier ce magazine de caricatures, même s'il faut changer son nom. Je veux développer la culture de la caricature, nouvelle en Malaisie. Les gens continuent à venir m'acheter ce magazine. Nous avons déjà imprimé 15 000 exemplaires. (..) Ils ont peur des dessins de presse car c'est indépendant et cela touche toutes les générations. Comme nous ne sommes pas une publication d'opposition, cela les effraie", a déclaré le directeur de publication, Zunar, à Reporters sans frontières. Selon le ministère de l'Intérieur, l'entreprise Sepakat Efektif Sdn Bhd's, dont Zunar est le propriétaire, sera poursuivie sur la base de la section 5 (2) (b) du Printing Presses and Publication Act de 1984 pour "publications sans licence". L'éditeur risque jusqu'à trois ans de prison et une amende pouvant s'élever à 20 millions de ringgits. Après la publication du magazine , dont le dessin de couverture fait référence à une affaire politico-criminelle très embarrassante pour le chef du gouvernement, les bureaux de Sepakat Efektif ont été perquisitionnés. Des officiels ont saisi des copies. Contacté par Reporters sans frontières, Zunar a expliqué avoir obtenu, début août, une confirmation du ministère de l'Intérieur sur la délivrance d'un permis de publication. Le premier numéro de Gedung Kartun, paru le 1er septembre 2009, avait connu un réel succès, avec un premier tirage à 10 000 exemplaires. 5 000 copies ont été réimprimées par la suite. Les autorités de Kuala Lumpur imposent des conditions draconiennes pour obtenir un permis de publication en Malaisie. Le pays est à la 132e place sur 173 dans le classement mondial de la liberté de la presse 2008.
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Updated on 20.01.2016