Le gouvernement brésilien a annoncé, le 14 mai, que la décision d'expulser Larry Rohter, correspondant du New York Times dans le pays, avait été levée sur ordre du président Lula. Les autorités ont indiqué avoir reçu un courrier du journaliste affirmant qu'il n'avait jamais eu l'intention "d'offenser l'honneur" du chef de l'Etat.
15 mai 2004
Le gouvernement brésilien a annoncé, le 14 mai, que la décision d'expulser Larry Rohter, correspondant du New York Times dans le pays, avait été levée sur ordre du président Lula. Les autorités ont indiqué avoir reçu un courrier du journaliste affirmant qu'il n'avait jamais eu l'intention "d'offenser l'honneur" du chef de l'Etat.
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13 mai 2004
Reporters sans frontières a protesté après l'annonce par le ministère de la Justice brésilien de l'expulsion de Larry Rohter, correspondant du New York Times à Brasilia. L'organisation a demandé aux autorités de "revenir à la raison" en annulant cette mesure.
"Nous sommes surpris par cette décision qui est indigne d'un régime démocratique. Qui plus est, elle risque de porter davantage atteinte à votre image à l'étranger que le contenu même de l'article incriminé", s'est étonnée Reporters sans frontières dans une lettre au président Luiz Inácio Lula da Silva.
"Les affaires de diffamation se règlent devant les tribunaux. Ce type de mesure autoritaire ne résout rien : en expulsant Larry Rohter, le Brésil ne prouve rien. De plus, cette mesure pourrait contraindre à l'autocensure les correspondants de la presse étrangère qui savent désormais qu'ils risquent l'expulsion quand ils parlent du Président", a ajouté l'organisation.
Reporters sans frontières a rappelé qu'il existe au Brésil des problèmes de liberté de la presse plus graves comme les assassinats, fin avril 2004, de Samuel Roman et José Carlos Araújo, deux journalistes de radio des Etats de Mato Grosso do Sul (Sude-Ouest) et Pernambuco (Nord-Est).
Le 11 mai 2004, le ministère de la Justice a annoncé l'expulsion de Larry Rohter, correspondant au Brésil du quotidien américain New York Times, suite à la publication le 9 mai, dans ce journal, d'un article intitulé "L'habitude de boire du président brésilien devient une préoccupation nationale".
Dans une note officielle, le ministère de la Justice a qualifié d'"inconvenante la présence sur le territoire national de l'auteur du texte incriminé". Il a annoncé que le visa de ce dernier avait été annulé. Larry Rohter dispose de huit jours pour quitter le pays. L'expulsion est motivée par le caractère "léger, mensonger et préjudiciable à l'honneur du président de la République fédérale du Brésil et à l'image du pays" de l'article.
Dans ce dernier, Larry Rohter affirmait que le Président "n'a jamais caché son penchant pour un verre de bière, de whisky ou, mieux, de cachaça, le fort alcool de canne du Brésil. Mais certains de ses compatriotes commencent à se demander si la forte prédilection de leur président pour l'alcool n'affectait pas ses compétences."
Le 11 mai, le New York Times a publié une lettre de l'ambassadeur brésilien aux Etats-Unis dans laquelle il exprimait son "indignation" et jugeait "suprenant et lamentable que le Times ait accordé du crédit à une histoire tellement insultante et totalement sans fondement."
Le même jour, le quotidien maintenant ses allégations. "Nous croyons que l'article est correct", avait déclaré à l'Agence France-Presse une porte-parole du journal. Si le Brésil "tentait d'expulser un journaliste pour avoir écrit un article offensant le Président, cela poserait de graves questions sur l'engagement affiché du Brésil en faveur de la liberté d'expression et de la liberté de la presse", a déclaré Bill Keller, directeur exécutif du New York Times dans l'édition en ligne du 12 mai de ce journal.
Le 20 avril 2004, Samuel Roman, propriétaire de la station Conquista, a été tué à Coronel Sapucaia, une petite ville de l'Etat de Mato Grosso do Sul, située à la frontière avec le Paraguay. Il dénonçait le trafic de drogue et la criminalité qui sévissent dans la région ainsi que la classe politique locale. Trois suspects ont été arrêtés. Quatre jours plus tard, José Carlos Araújo, de Radio Timbaúba FM, était assassiné dans une petite localité de l'Etat de Pernambuco (Nord-Est). Son assassin a été arrêté.