Le président de la République Nicolas Sarkozy a reçu Osange Silou-Kieffer, l'épouse de Guy-André Kieffer, Canelle Kieffer, sa fille, Bernard et Eric Kieffer, ses frères, et David-Alexandre Kieffer, son neveu, le jeudi 23 août 2007 au palais de l'Elysée.
A la sortie de la rencontre, Osange Silou-Kieffer s'est déclarée "ravie" de l'accueil chaleureux et des engagements de Nicolas Sarkozy. "Cela faisait trois ans que nous demandions un rendez-vous avec le président de la République pour l'entretenir du dossier de Guy-André. Nous avons enfin obtenu un rendez-vous, mais surtout nous avons obtenu des engagements de sa part dans cette affaire. Cela nous donne espoir pour que justice soit rendue", a affirmé Osange Silou-Kieffer.
Le président de la République a déclaré que la France donnerait aux juges français les moyens de faire leur travail, notamment pour entendre tous les témoins et auteurs supposés de la disparition du journaliste franco-canadien. Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a informé la famille qu'il allait demander à l'ambassadeur de France en Côte d'Ivoire de s'investir pleinement dans ce dossier qualifié d'important par le chef de l'Etat.
La famille a demandé que la France intervienne auprès des autorités de Côte d'Ivoire pour que les obstacles soient levés, et notamment que Michel Legré, beau-frère de l'épouse du président, Simone Gbagbo, soit entendu par la justice en France. A la sortie de l'Elysée, Osange Silou-Kieffer a déclaré qu'elle attendait du chef de l'Etat qu'il rappelle à son homologue ivoirien, Laurent Gbagbo, les promesses à la famille et à Reporters sans frontières de faire toute la vérité dans cette affaire.
Guy-André Kieffer, journaliste indépendant basé à Abidjan, a disparu depuis le 16 avril 2004. Il a travaillé pour le quotidien économique français La Tribune, de 1984 au début de l'année 2002. Installé à Abidjan depuis cette date, Guy-André Kieffer travaillait comme journaliste indépendant, et collaborait à La lettre du Continent et plusieurs journaux ivoiriens. Il a été vu pour la dernière fois, sur le parking d'un centre commercial de la ville, par Michel Legré, beau-frère de l'épouse du président, Simone Gbagbo.
Alors que la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial de cacao, les investigations menées par un juge français ont révélé que ce journaliste, agronome de formation et spécialiste des matières premières, enquêtait sur des détournements de fonds au sein de la filière café-cacao dans le pays au moment de sa disparition. L'enquête judiciaire conduite par les juges Patrick Ramaël et Emmanuelle Ducos a pointé les responsabilités probables de l'entourage du président Laurent Gbagbo.
Michel Legré a été mis en examen le 21 octobre 2004 par le juge Patrick Ramaël pour "enlèvement et séquestration". Le 13 décembre de la même année, le juge a demandé sa remise temporaire pour deux mois. Cette mesure avait pour objectif de permettre à la justice d'interroger en France le ressortissant ivoirien, détenu à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (MACA) pendant un an et demi, avant d'être finalement mis en liberté provisoire, en octobre 2005.
Jean-Tony Oulaï, un ressortissant ivoirien se disant "ex-capitaine" de l'armée, et que certains témoins accusent d'avoir supervisé l'enlèvement du journaliste, a également été mis en examen pour "enlèvement et séquestration" en janvier 2006 en France et placé sous contrôle judiciaire.
Ci-dessous, une interview d'Osange Kieffer à sa sortie de l'Elysée :