Le pouvoir contrôle désormais tous les médias

Le président bélarusse, Alexandre Loukachenko, a signé le 1er février un décret qui établit un contrôle étendu du contenu d'Internet et des possibilités d'accès au réseau, devant entrer en vigueur le 1er juillet 2010. "Les craintes exprimées par Reporters sans frontières au début du mois (http://www.rsf.org/Le-pouvoir-renforce-sa-mainmise.html) sont concrétisées. Les autorités du Bélarus tentent de renforcer leur contrôle sur Internet comme elles l'ont fait pour les médias traditionnels. Ce décret, en soumettant l'accès au réseau à une vérification d'identité des internautes ou à une autorisation préalable d'existence en ligne selon le contenu et le demandeur, va pousser les usagers d'Internet à l'autocensure. Cet effet est évidemment recherché par le décret, malgré les déclarations faussement rassurantes du gouvernement bélarusse sur la liberté d'expression en ligne", a déclaré l'organisation. Le décret n°60 relatif "aux mesures d'amélioration du réseau national d'Internet" prévoit que les supports d'accès à Internet (ordinateurs, téléphones portables) doivent être identifiés et enregistrés par les fournisseurs d'accès à Internet (FAI). Une mesure destinée à assurer le contrôle du gouvernement sur les moyens d'accès de ses citoyens au réseau. De même, chaque personne se connectant à Internet devra s'identifier dans les cybercafés et toutes connexions partagées par plusieurs personnes (ex : dans un immeuble en copropriété), et chaque connexion sera enregistrée et conservée pendant un an pour tous. Autant de mesures pouvant dissuader le citoyen de continuer de s'informer auprès de sites indépendants ou d'opposition. Le décret prévoit également la création d'un "centre analytique" rattaché auprès de la présidence, chargé de surveiller le contenu avant toute diffusion sur Internet, instituant clairement une censure au sommet de l'Etat. C'est ce centre qui distribuera les noms de domaines, et donc permettra l'existence de chacun sur le Net. Toute demande du centre de fermer un site doit être mise en œuvre par le FAI concerné dans les 24 heures. Même la demande d'un simple utilisateur peut jouer de la sorte, le décret faisant appel à la délation. Le gouvernement bélarusse ne se cache pas de vouloir instituer une véritable censure idéologique en faisant référence au modèle chinois ou en déclarant : "Notre idéologie sera présente sur Internet, et le sera efficacement" (Usevalad Yancheuski, directeur du département idéologique). Cela vient en contradiction avec les paroles du président Loukachenko qui prétend laisser chacun libre de dire ce qu'il veut sur Internet. Par ailleurs, ces mesures s'apparentent également à des instruments de contrôle accru en vue de la prochaine élection présidentielle du pringtemps 2011.
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Updated on 20.01.2016