Le pluralisme de l'information en péril dans la bande de Gaza et en Cisjordanie

La prise de pouvoir, par le Hamas, dans la bande de Gaza a créé une partition géographique de la presse dans les territoires palestiniens. Dans le bastion du parti islamiste, les médias audiovisuels identifiés comme proches ou affiliés au Fatah ont cessé d'émettre. En parallèle, des journalistes proches du Hamas ont été victimes d'intimidations en Cisjordanie, région sous contrôle de l'Autorité palestinienne. “Les journalistes palestiniens redoutent depuis plusieurs semaines d'être pris pour cibles par des militants du Hamas ou du Fatah. Nous appelons le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et l'ancien Premier ministre, Ismaël Haniyeh, à faire cesser les menaces et les intimidations subies par les professionnels des médias. Par ailleurs, une solution doit être trouvée pour permettre le retour sur les ondes des radios et chaînes de télévision fermées dans la bande de Gaza afin de préserver la diversité de l'information”, a déclaré Reporters sans frontières. “Les correspondants étrangers sont également confrontés à un problème de sécurité majeur. Sans aucune garantie des autorités palestiniennes, la menace des enlèvements est toujours présente. Aucune démarche n'a été entreprise pour arrêter et juger les ravisseurs du journaliste britannique Alan Johnston. Leur identité est pourtant connue de tous”, a ajouté l'organisation. Depuis la prise de pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza, en juin 2007, les médias affiliés au Fatah, parti du président de l'Autorité palestinienne, sont fermés. Seuls les médias du Hamas (Al Aqsa TV, Sawt Al Aqsa), la radio Sawt Al Qur'an Al-Kareem (sous l'autorité du ministère des Affaires religieuses, contrôlé par le parti islamiste), Sawt Al Qods (proche du Jihad Islamique) et Radio Alouan (jugée proche du Hamas) émettent dorénavant dans la bande de Gaza. La presse publique, sous le contrôle de l'Autorité palestinienne, a transféré ses activités en Cisjordanie, tandis que d'autres médias privés, affiliés au Fatah, ont dû interrompre leur diffusion. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, au moins neuf organes de presse ont ainsi été obligés de cesser leurs activités dans la bande de Gaza : la télévision publique palestinienne (Public Broadcasting Corporation), la Voix de la Palestine (radio publique), l'agence de presse WAFA (publique), Sawt Al Chabab (privée), Sawt Al Hurriya (privée), Sawt Al Aamal (privée), Sawt Al Chaâb (privée) et les hebdomadaires Al Karama et Al Sabah (privés). Par ailleurs, en Cisjordanie, le directeur de la chaîne de télévision Afak, proche du Hamas, Issa Youssef Abou Al Izz, a reçu des menaces téléphoniques, le 24 juillet 2007, suite à la diffusion d'un reportage attribuant la responsabilité de troubles récents à l'université Al Najah de Naplouse à des sympathisants du Fatah. Dans la même journée, des individus armés se sont introduits dans les locaux de la chaîne à Naplouse, obligeant les journalistes qui s'y trouvaient à évacuer les lieux. Ils ont détruit une grande partie des équipements et tiré de nombreux coups de feu dans les bureaux.
Publié le
Updated on 20.01.2016