Le photographe russe Andreï Stenine, disparu depuis le 5 août 2014, a été tué par un tir de mortier. C’est ce que confirme l’analyse génétique de restes humains découverts fin août dans la région de Donetsk.
Andreï Stenine est le sixième professionnel des médias tué en couvrant le conflit dans l’Est ukrainien. Le Comité d’enquête russe
a annoncé le 3 septembre 2014 que les restes humains découverts une semaine plus tôt dans la région de Donetsk appartenaient au photographe de l’agence officielle d’information russe
Rossiya Segodnya. Le corps avait été retrouvé fin août près de Snijne par des rebelles de la « République populaire de Donetsk », dans une voiture carbonisée ressemblant à celle qu’utilisait le journaliste.
Rossiya Segodnya, issue de la
récente fusion des différents médias d’Etat, avait annoncé le 5 août la
disparition de ce photographe de guerre expérimenté, en Ukraine depuis la mi-mai. Pointées du doigt, les autorités ukrainiennes avaient démenti à plusieurs reprises le détenir. Une importante campagne de soutien s’était déployée sur les réseaux sociaux russes.
« La nouvelle de la mort d’Andreï Stenine nous attriste profondément, déclare Christophe Deloire, secrétaire générale de Reporters sans frontières.
C’est un nouveau témoignage de l’extrême précarité dans laquelle travaillent les journalistes dans l’est de l’Ukraine. Nous demandons aux autorités ukrainiennes et russes ainsi qu’aux forces séparatistes de mener des enquêtes complètes et impartiales afin de faire toute la lumière sur la mort d'Andreï Stenine et celle des autres journalistes tués dans ce conflit. Rappelons qu’au regard du droit international, il est de la responsabilité des belligérants de tout mettre en oeuvre pour protéger les professionnels des médias et les autres civils. »
Les acteurs de l’information paient un lourd tribut aux combats entre autorités centrales et rebelles anti-Kiev depuis le mois d’avril 2014. Après un photographe italien et son fixeur russe en mai, trois journalistes russes ont déjà été victimes de tirs de mortier au mois de juin. Plus de 200 professionnels des médias ont été blessés ou agressés depuis le début de l’année. Alors que les combats s’intensifiaient, prises d’otages et arrestations arbitraires de journalistes
se sont multipliées ces dernières semaines. Au moins six journalistes sont actuellement détenus par des groupes séparatistes, essentiellement dans la région de Lougansk.
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(Photo : RIA Novosti, ITAR-TASS / Mikhail Pochuev)