Le photographe Bilal Hussein maintenu en prison malgré son amnistie : Reporters sans frontières demande l'intervention du Secrétaire d'Etat américain à la Défense
Deux ans après l'arrestation du photographe irakien Bilal Hussein, Reporters sans frontières a adressé un courrier, le 14 avril 2008, à Robert Gates, Secrétaire d'Etat américain à la Défense. L'organisation a, dans le même courrier, demandé la libération de Jawed Ahmad, journaliste afghan, détenu depuis plusieurs mois sur la base militaire de Bagram.
Secrétaire d'Etat à la Défense
Washington, D.C.
Paris, le 14 avril 2008, Monsieur le Secrétaire d'Etat, Reporters sans frontières souhaite attirer votre attention sur le cas de deux journalistes détenus dans des conditions discutables par les forces américaines, et notamment sur le sort du photographe irakien Bilal Hussein, détenu depuis plus de deux ans et récemment amnistié par un tribunal irakien. Nous portons également à votre attention le cas du journaliste afghan Jawed Ahmad, emprisonné depuis le 2 novembre 2007 sur la base militaire de Bagram en dépit d'accusations pour le moins fragiles. Soupçonnés d'avoir des liens avec des insurgés, ces deux hommes sont maintenus en détention malgré l'absence de preuve matérielle de leur culpabilité. Bilal Hussein se trouve toujours en détention au Camp Cropper, alors même qu'une commission judiciaire irakienne lui a accordé, le 7 avril 2008, une amnistie et ordonné sa libération. Dans le contexte d'une opération politique et militaire visant à établir l'Etat de droit en Irak, il nous semble que cette décision d'une justice souveraine doit être respectée et appliquée par les autorités américaines. Les forces armées américaines accusent Bilal Hussein d'avoir établi des contacts avec des insurgés dans la ville de Ramadi, tandis qu'elles reprochent à Jawed Ahmad d'être un « ennemi-combattant ». Ces deux journalistes agissaient pourtant pour le compte de leur média, respectivement l'agence de presse américaine Associated Press et la chaîne Canadian Television. A ce jour, leurs accusateurs n'ont pas été en mesure de prouver leur culpabilité. Nous espérons que accepterez d'intervenir personnellement pour permettre la libération de Bilal Hussein et Jawed Ahmad. En vous remerciant de l'attention que vous voudrez bien porter à notre courrier, je vous prie d'agréer, Monsieur le Secrétaire d'Etat, l'expression de ma haute considération. Robert Ménard Secrétaire général”