Le PDK renonce à ses poursuites contre les deux éditorialistes de Awene
Organisation :
Reporters sans frontières a appris, avec satisfaction, l’annonce faite par Massoud Barzani, Président du Parti démocratique du Kurdistan, dans une interview accordée le 7 janvier 2011 au quotidien pro-PDK Khebat, de retirer la plainte déposée par son parti contre les deux éditorialistes du journal non partisan Awene, Marwan Wrya Qani’ et Aras Fatah, poursuivis leur article « Qu’est-ce que le Président de la région autonome du Kurdistan a dit ? », publiée en juin 2010.
L’organisation, qui a exprimé à plusieurs reprises son inquiétude face à la multiplication des procédures engagées contre les journalistes et médias non partisans au Kurdistan irakien, réitère son soutien à l’ensemble des initiatives destinées à défendre la liberté de la presse dans la région.
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06.01.2011 - Manifestation de soutien à la liberté de la presse au Kurdistan
Mercredi 5 janvier 2011, une manifestation a été organisée à Darbandikhan, une des principales villes du Kurdistan irakien (65 km au sud-est de Suleimanieh), en soutien aux deux éditorialistes du journal non partisan Awene, Marwan Wrya Qani’ et Aras Fatah, poursuivis par le Parti démocratique du Kurdistan. De manière plus générale, le rassemblement visait à défendre la liberté de la presse et la liberté d’expression dans cette région autonome d’Irak. Reporters sans frontières exprime son soutien l’ensemble des initiatives destinées à défendre la liberté de la presse au Kurdistan.
Ces deux intellectuels kurdes sont actuellement poursuivis par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) pour avoir écrit, le 8 juin 2010, un éditorial dans le numéro 227 de Awene, intitulé « Qu’est-ce que le Président de la région autonome du Kurdistan a dit ? ». Massoud Barzani, Président du Kurdistan irakien, avait quelques jours auparavant prononcé un discours devant le Parlement régional, dans lequel il avait menacé toutes les personnes qui ne respectaient pas les lignes rouges et osaient remettre en cause l’hégémonie actuelle des deux grandes forces politiques, que sont le Parti démocratique du Kurdistan (de M.Barzani) et l’Union patriotique du Kurdistan (de J.Talabani). Lire l’article : http://www.kurdishaspect.com/doc010511AM.html
Marwan Wrya Qani’, professeur à l’Université d’Amsterdam aux Pays-Bas, et Aras Fatah, sociologue, tiennent tous deux une tribune hebdomadaire dans Awene.
Selon Shwan Muhammad, rédacteur en chef du journal, « l’article qu’ils ont co-écrit est loin d’être diffamant ou insultant. Ce n’est pas un rapport d’enquête ou de l’information. C’est une analyse, au sein de la page ‘Opinions’ du journal ». Le PDK exige la somme de 2 millions de dinars irakiens (1 300 euros).
Dans un entretien accordé à Reporters sans frontières, Marwan Wrya Qani’ a exprimé son inquiétude sur la situation de la liberté de la presse au Kurdistan irakien. « Le PDK a des tentations dictatoriales. Il veut faire taire toutes les critiques (…). En clair, il veut réduire la société du KRG au silence et monopoliser l’arène politique. La pression que ce parti exerce aujourd’hui sur les journalistes et les médias de la région fait partie de ce plan (…). Je redoute que le PDK n’utilise tous les moyens pour arriver à ses fins et faire abdiquer, anéantir les médias libres. Ce parti s’est lancé dans une guerre ouverte. Le danger est réel. »
Autre journaliste d’Awene, Sat Muhammad est poursuivi pour avoir écrit une tribune, également dans le numéro 227 du journal en juin 2010, intitulée « Lion de la maison, le renard de l’étranger ».
De son côté, Dr Fayaq Muhammad Gullpi, éditorialiste pour différents médias et ancien responsable politique, a dû payer la somme de 1 000 000 dinars irakiens (645 euros) pour « diffamation », suite à une tribune pour le site du Kurdistanpost (www.kurdistanpost.com), le 22 mars 2009, titrée « Anniversaire du bombardement du village de Sewsenan avec des armes chimiques ; l’UPK l’a fait ». Dans cet article qui fait référence au bombardement du village de Sayw Senan (Sewsenan) en 1988, l’éditorialiste avait mentionné que le responsable du bureau des martyrs à Suleimanieh était alors un ancien Pershmerga, converti ensuite au baathisme. Le directeur de bureau en question avait alors porté plainte pour diffamation. Dr Fayaq Muhammad Gullpi a été condamné alors que des experts avaient attentivement étudié la tribune incriminée et conclu qu’elle n’avait aucun caractère diffamatoire.
Shwan Dawudi, rédacteur en chef de l’hebdomadaire pro-UPK Hawal, a, quant à lui, été récemment condamné à payer la somme de 21 millions de dinars irakiens (13 560 euros), pour avoir publié des articles dénonçant la corruption… en 2004 et 2005.
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Updated on
20.01.2016