Le passeport d'un journaliste algérien restitué après plus de six mois de blocage
Organisation :
Arezki Aït-Larbi, journaliste indépendant et correspondant des journaux français Le Figaro et Ouest-France, s'est vu restituer son passeport le 22 novembre 2006, après plus de six mois d'attente.
“La restitution du passeport d'Arezki Aït-Larbi est un premier pas positif. Cependant, il ne faut pas oublier qu'il est toujours sous le coup d'une condamnation pénale datant de décembre 1997 et prononcée en son absence. Il risque à tout moment d'être arrêté pour purger sa peine de six mois de prison. Nous demandons aux autorités judiciaires algériennes la révision du procès et l'annulation des charges retenues contre le journaliste“, a déclaré Reporters sans frontières.
Arezki Aït-Larbi a affirmé sa volonté de “tourner la page d'une procédure d'exception et d'un jugement clandestin“ et sa “disponibilité pour un procès public, contradictoire et respectueux des droits de toutes les parties“.
Lakhdar Khelfaoui a quant à lui réussi à rejoindre la France en sortant clandestinement du territoire algérien.
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11.10.2006 Personne ne rentre, personne ne sort !
Depuis l'été 2006, Lakhdar Khelfaoui, journaliste algéro-français, et Arezki Aït-Larbi, journaliste algérien, sont interdits de quitter le territoire après que les autorités ont exhumé des accusations contre eux datant de 1997. Par ailleurs, quatre dessinateurs français se sont vu refuser leur visa d'entrée en Algérie.
"Les tracasseries administratives que doivent affronter les journalistes algériens et les refus, jamais justifiés, d'octroyer des visas à certains journalistes étrangers, font partie des outils utilisés par le gouvernement pour étouffer la presse et empêcher la circulation de l'information. Alors que les délits de presse sont toujours pénalisés par la loi, le travail des journalistes algériens est aujourd'hui de plus en plus entravé par de faux prétextes bureaucratiques", a déclaré Reporters sans frontières.
"Par ailleurs, les cas de MM. Khelfaoui et Aït-Larbi illustrent parfaitement l'instrumentalisation du dysfonctionnement de la justice par les autorités algériennes. Ainsi, la décision, datant du 5 juillet 2006, du président Abdelaziz Bouteflika de gracier tous les journalistes condamnés pour "outrage à institution et corps constitués" et "diffamation", s'est révélée n'être qu'un effet d'annonce quant aux espoirs d'une éventuelle amélioration de la situation de la liberté de la presse dans le pays. Le régime se donne toujours les moyens d'inquiéter les voix discordantes", a ajouté l'organisation.
Arezki Aït-Larbi, correspondant notamment des journaux français Le Figaro et Ouest-France, fait partie de ces journalistes algériens critiques du pouvoir et qui ont l'opportunité de s'exprimer dans des médias étrangers, échappant ainsi à l'autocensure des médias locaux. Après s'être vu refuser sa demande de renouvellement de passeport en mai 2006, le journaliste algérien a appris l'existence d'une condamnation à une peine de six mois de prison datant de décembre 1997. Une plainte pour diffamation aurait été déposée par un ancien directeur de l'application des peines, rattaché au ministère de la Justice, dont la passivité face à des sévices subis par les prisonniers du pénitencier de Lambèse avait été dénoncée par M. Aït-Larbi dans un article publié en avril 1994 dans l'hebdomadaire l'Evénement.
Le journaliste n'a jamais reçu aucune notification de la plainte ou convocation au tribunal. Jugé par défaut, sa condamnation n'est donc pas définitive ce qui l'empêche de bénéficier de la grâce présidentielle. Apprenant par ailleurs que le journaliste faisait l'objet d'un mandat d'arrêt lancé en juillet 1997, son avocat craint aujourd'hui qu'il ne soit placé sous mandat de dépôt s'il se présente au tribunal pour contester le jugement antérieur. M. Aït-Larbi, joint par Reporters sans frontières, perçoit toute cette affaire comme une nouvelle tentative d'intimidation de la part des autorités algériennes alors qu'elles ont par ailleurs systématiquement refusé de lui délivrer une accréditation officielle depuis plus de dix ans.
Installé en France depuis 1998, Lakhdar Khelfaoui, quant à lui, était rentré en Algérie en juin 2006 pour des raisons familiales. Le 12 juillet dernier, voulant regagner la France, il a été interdit de quitter le territoire par la police des frontières. Cette interdiction, datant de 1997, fait suite à sa condamnation pour "diffamation" à une peine de six mois de prison et à verser une amende de 2000 DA (soit l'équivalent de 23 euros). Rédacteur en chef de l'hebdomadaire El-Kalaâ, il avait été poursuivi par le wali (préfet) de Tébessa, suite à la publication d'un article évoquant l'absence de ce dernier lors d'une cérémonie officielle. Les autorités algériennes l'empêchent toujours de quitter le territoire alors que la grâce présidentielle du 5 juillet dernier s'applique à son cas.
En outre, quatre caricaturistes français, René Pétillon (Le Canard enchaîné), Nicolas Vial (Le Monde), Georges Wolinski (Paris Match, Le Journal du Dimanche) et Nono (Le Télégramme de Brest), ont vu leur demande de visa refusée officiellement pour "encombrement administratif". Invités par le centre culturel français d'Alger, ils devaient assister à une exposition de dessins de presse, initialement prévue le 12 octobre prochain.
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Updated on
20.01.2016