Le Parquet général de Russie poursuit la responsable des services de migration en Tchétchénie pour délivrance illégale de passeport au tueur présumé d'Anna Politkovskaïa

Le 13 mars 2009, le Parquet général de Russie a annoncé qu'il poursuivait Milana Mejieva, responsable des services de migration en Tchétchénie, pour avoir délivré illégalement un passeport au tueur présumé de la journaliste Anna Politkovskaïa, Roustam Makhmoudov. Le 9 décembre 2007, Milana Mejieva aurait délivré un faux passeport à Roustam Makhmoudov, moyennant la somme de 100 dollars. Le passeport, délivré avec l'identité d'un individu mort depuis 2001, aurait permis la fuite du tueur présumé de la journaliste de Novaïa Gazeta. Roustam Makhmoudov se trouve actuellement sous le coup d'un mandat d'arrêt international. -------------------------------------------------------------- 2.03.09 Le Parquet général de Russie saisit la Cour suprême du dossier du meurtre d'Anna Politkovskaïa Le 27 février 2009, le Parquet général a fait appel devant la Cour suprême de la décision du tribunal militaire de Moscou, d'acquitter les trois suspects du meurtre de la journaliste Anna Politkovskaïa. "Nous rappelons que l'affaire Politkovskaïa n'est pas élucidée. Parmi les trois suspects jugés par le tribunal militaire de Moscou, ne se trouvaient, en effet, ni commanditaire ni tireur. L'enquête doit continuer indépendamment de cette décision de justice", a déclaré l'organisation de défense de la liberté de la presse. Le 19 février, les jurés du tribunal militaire de Moscou ont acquitté les trois hommes accusés d'avoir pris part à l'assassinat de la journaliste du bihebdomadaire indépendant Novaïa Gazeta, abattue le 7 octobre 2006 à Moscou dans le hall de son immeuble. ------------------------------------------------------------- 19.02.09 Reporters sans frontières a appris, le 19 février 2009, que les jurés du tribunal militaire de Moscou ont acquitté les trois hommes accusés d'avoir pris part à l'assassinat de la journaliste du bihebdomadaire indépendant Novaïa Gazeta, Anna Politkovskaïa, abattue le 7 octobre 2006 à Moscou. Les frères Djabraïl et Ibraguim Makhmoudov et l'ancien policier, Serguei Khadjikourbanov, accusés d'avoir organisé l'assassinat et poursuivis pour “meurtre”, risquaient la prison à vie. Le parquet a annoncé qu'il allait faire appel de ce verdict. “Cette décision est la conséquence d'une enquête incomplète et transmise prématurément à la justice. De plus, les irrégularités, les incohérences et l'opacité observées lors de ce procès, fermé à plusieurs reprises au public et marqué par un scandale dès son début, interdisent de considérer l'affaire comme résolue. En l'absence du tireur présumé et faute de connaître l'identité des commanditaires, il est impossible de savoir qui a ordonné ce crime et pourquoi. Tout reste à faire “, a déclaré l'organisation. “La mort d'Anna Politkovskaïa est emblématique de la situation des journalistes d'investigation, mais aussi des défenseurs des droits de l'homme en Russie. L'actualité récente nous a rappelé à quelle violence ils étaient exposés. Nous attendons des autorités russes qu'elles luttent contre l'impunité par tous les moyens nécessaires, à commencer par une justice efficace”, a poursuivi Reporters sans frontières. “Nos pensées vont à la famille et aux collègues d'Anna Politkovskaïa. Nous les assurons de notre soutien dans la recherche de la vérité”, a conclu l'organisation. Le 19 février, les jurés du tribunal militaire de Moscou ont rendu leur verdict dans le procès de trois responsables présumés dans l'assassinat de la journaliste du bihebdomadaire indépendant Novaïa Gazeta. Le juge Evguéni Zoubov a rappelé au collège des jurés leurs obligations. Ces derniers se sont ensuite retirés pour délibérer et répondre à une liste de dix-sept questions. Les sept premières étaient relatives à l‘”abus d'autorité” dont l'ancien policier Sergueï Khadjikourbanov, et l'officier du FSB Pavel Riagouzov sont accusés dans une affaire annexe. Les questions huit à dix-sept concernaient l'assassinat d'Anna Politkovskaïa. Selon eux, l'enquête n'a réussi à prouver l'implication d'aucun des suspects.--- La famille de la journaliste s'est déclarée satisfaite de la décision des jurés. Lors de leurs dernières plaidoiries, les différentes parties ont présenté leurs positions. Mourad Moussaïev, l'avocat de Djabraïl Makhmoudov, a déclaré que “tous ceux qui ont été dans cette salle ont pu observer l'incohérence des accusations”. “Nous avons, de plus, vu que le ministère public a éludé les discussions sur ces accusations, cherchant à jeter de la poudre aux yeux des jurés." Il avait demandé l'acquittement, puisque selon lui “l'accusation avait failli à faire la preuve de la culpabilité des accusés”. Il avait néanmoins fait remarquer qu'en dépit de tout cela, Evguéni Zoubov était “l'un des meilleurs présidents de tribunal” qu'il ait jamais vu. Les procureurs, quant à eux, ont affirmé que la culpabilité des accusés avait été établie, s'appuyant en cela sur les déclarations des témoins et les relevés téléphoniques présentés au tribunal. “Je n'ai aucun doute sur le fait que les frères Makhmoudov et Sergueï Khadjikourbanov ont pris part à ce crime”, a déclaré Yulia Safina. L'avocate des parties civiles, Karina Moskalenko, a déclaré que ces dernières étaient “à la fois satisfaites et insatisfaites du procès”. “L'objectif essentiel, la défense des droits et des intérêts des victimes, n'a pas pu être atteint”, a-t-elle poursuivi. Lors de sa plaidoirie finale elle s'est également déclarée satisfaite de l'attitude de l'accusation et de la défense, chacun ayant “joué son rôle”. Agée de 48 ans et mère de deux enfants, Anna Politkovskaïa était connue pour son travail sur le Caucase russe où elle s'était rendue à de très nombreuses reprises. Elle était également une critique acerbe de la politique de Vladimir Poutine, alors chef de l'Etat. La journaliste a été assassinée le 7 octobre 2006, jour de l'anniversaire de ce dernier, dans l'ascenseur de l'immeuble où elle résidait, rue Lesnaïa, à Moscou. Le procès de trois hommes suspectés d'avoir pris part à son assassinat s'est ouvert en novembre 2008 devant le tribunal militaire de Moscou, en raison de l'appartenance de l'un des accusés aux forces de l'ordre. La Russie est au 141e rang du classement 2008 pour la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Vingt journalistes ont perdu la vie en raison de leur activité professionnelle depuis mars 2000.
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Updated on 20.01.2016