Reporters sans frontières se réjouit du dispositif de sécurité mis en place par le ministère irakien de l'Intérieur, en coopération avec l'Observatoire de la liberté de la presse, en faveur des journalistes menacés. "Leur protection est l'un des défis de la construction d'un Irak démocratique", a déclaré l'organisation.
Quelques semaines après la mise en place, au sein de la police irakienne, d'une unité spéciale chargée d'enquêter sur les assassinats de journalistes, le ministère de l'Intérieur a annoncé la création, en coopération avec l'Observatoire de la liberté de la presse en Irak (JFO), d'une hotline réservée aux professionnels des médias en danger. Deux journalistes de Bassorah (Sud) ont échappé à une tentative d'assassinat grâce à la mobilisation des forces de l'ordre, obtenue après un appel passé à cette hotline. Reporters sans frontières rappelle que la guerre en Irak est le conflit le plus meurtrier pour les journalistes depuis la Seconde Guerre mondiale. A ce jour, au moins 222 professionnels des médias ont été tués dans le pays.
"La protection des journalistes est l'un des défis de la construction d'un Irak démocratique. Le dispositif de sécurité mis en place par le ministère de l'Intérieur et des partenaires locaux va dans le sens d'une prise de conscience par les autorités de la nécessité de mettre un terme à l'impunité dont jouissent jusqu'à présent les individus qui ont commis des actes de violence contre des centaines de journalistes dans le pays", a déclaré l‘organisation.
En mai 2007, Reporters sans frontières avait appellé les autorités irakiennes à créer une "Task force", une équipe spécialisée dans les crimes de journalistes, à l'image d'un programme mis en place aux Philippines. Lors de plusieurs rencontres avec le président irakien Jalal Talabani, l'organisation avait plaidé en faveur de la lutte contre l'impunité.
Selon le ministère irakien de l'Intérieur, une cinquantaine d'enquêtes seraient en cours concernant des affaires d'assassinats, d'agressions ou encore d'enlèvements de journalistes. Les forces de l'ordre ont, par ailleurs, annoncé l'arrestation de l'un des responsables de la mort, le 13 septembre 2008, de quatre membres d'une équipe de la télévision privée Al-Charqia. Le détenu, de nationalité saoudienne, serait un membre du réseau terroriste Al-Qaïda. La police est toujours à la recherche de ses complices.
Un numéro d'urgence, géré par l'Observatoire de la liberté de la presse en Irak, a été créé pour répondre aux besoins des journalistes menacés. Saad Qusay, correspondant de la chaîne Al-Hurra, a ainsi bénéficié d'une protection policière, de jour comme de nuit, à son domicile de Bassorah après avoir reçu des menaces d'un groupe armé, dont l'un des membres a été identifié et arrêté. Les autorités ont conseillé au journaliste de quitter temporairement le pays pour se mettre à l'abri. La police a également identifié et interpellé des individus accusés d'avoir cambriolé Hachem Al-Ibi, correspondant de la chaîne Al-Sumariya à Bassorah. Son domicile a été visité et il a été menacé pour ses activités professionnelles.
Ces initiatives sont accompagnées de mesures pour améliorer et faciliter le déplacement des professionnels des médias sur l'ensemble du territoire. Ce partenariat entre le ministère de l'Intérieur et l'organisation non gouvernementale JFO prévoit également le prêt de casques et gilets pare-balles pour les journalistes qui se rendent dans les zones de combats.
Hotline de l'Observatoire de la liberté de la presse en Irak :
+96417186706
+9647901514862
Reporters sans frontières rappelle la mise en place il y a quinze ans, avec le soutien d'American Express, d'une ligne téléphonique "SOS presse" qui permet, 24 heures sur 24, en français et en anglais, de saisir l'organisation de l'arrestation, de l'expulsion ou de la disparition d'un journaliste. Ce numéro de téléphone, accessible en PCV, est à la disposition des journalistes mais également de leurs familles, des rédactions et des organisations professionnelles.
SOS presse +33147777414
L'Observatoire de la liberté de la presse en Irak a remporté, en 2007, le prix Reporters sans frontières-Fondation de France, dans la catégorie "Défenseur", pour son travail essentiel de dénonciation des innombrables violences commises envers les professionnels des médias. La même année, l'Observatoire a rejoint le réseau des organisations partenaires de Reporters sans frontières.
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