Avec quatre plaintes déposées contre lui et l'interdiction de publier dans les médias gouvernementaux, Waddah Mouhyiddine subit de nombreuses pressions. “Les journalistes qui traitent de la corruption sont particulièrement vulnérables et s'exposent à des poursuites judiciaires dont l'issue leur est rarement favorable”, a déclaré Reporters sans frontières.
Avec quatre plaintes déposées contre lui et l'interdiction de publier dans les médias gouvernementaux, Waddah Mouhyiddine, journaliste d'investigation spécialisé dans les affaires de corruption, subit depuis quelques mois de nombreuses pressions.
“Le thème de la corruption est un sujet sensible à peu près partout dans le monde. Mais dans un pays où la liberté de la presse est systématiquement bafouée, les journalistes qui traitent ce sujet sont particulièrement vulnérables et s'exposent à des poursuites judiciaires dont l'issue leur est rarement favorable”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 2 décembre 2007, le ministère de l'Information a adressé une lettre à la direction de l'Organisation générale de la radio et de la télévision ainsi qu'aux rédacteurs en chef de la presse gouvernementale, dont Tichrine, Al-Thawra et Syria Times, afin de leur faire part de l'interdiction de publication de Waddah Mouhyiddine. Le journaliste a été accusé d'avoir publié de “fausses” informations sur la Commission centrale de contrôle et d'investigation, un organisme officiel chargé d'enquêter sur les fraudes au sein des entreprises publiques.
Waddah Mouhyiddine collabore avec les hebdomadaires syriens Al-Nour et Boukraat Daou' depuis près de neuf ans. Basé à Alep (environ 360 km de Damas), il s'est spécialisé dans les affaires de corruption concernant les entreprises publiques comme privées, mais également au sein de l'appareil judiciaire. En octobre 2007, il a publié un article dans Boukraat Daou' dans lequel il dénonçait les pratiques de la Commission centrale de contrôle et d'investigation. Le journaliste demandait notamment que cet organisme soit placé sous la tutelle du parlement et non plus du Premier ministre.
Joint par Reporters sans frontières, Waddah Mouhyiddine s'est étonné de cette mesure d'autant plus qu'il ne publie pas d'articles dans les médias gouvernementaux. “Ils font cela pour me bousculer et effrayer mes collègues”, a-t-il déclaré. Au cours des trois derniers mois, quatre plaintes en diffamation ont été déposées contre le journaliste qui affirme se rendre au moins deux fois par semaine au tribunal.
Dans une autre affaire, le procès du journaliste Rachid Issa, du quotidien Tichrine, s'ouvrira le 27 décembre 2007 devant le tribunal de Damas. Selon Me Tarek Hokan, responsable juridique du Centre syrien pour les médias et la liberté de la presse, Rachid Issa, qui n'a pas été notifié de la plainte, est poursuivi par le directeur d'un théâtre public qu'il avait accusé de fraude dans un article publié en septembre 2007.