Le journaliste Slim Boukhdir condamné à un an de prison

“En Tunisie, on emprisonne les journalistes sous des motifs souvent éloignés de leur profession pour se prémunir de toute accusation de censure. Mais personne n'est dupe, Slim Boukhdir paye le prix de sa liberté de ton", a déclaré Reporters sans frontières.

Reporters sans frontières a appris avec stupeur la condamnation, le 4 décembre 2007, du journaliste Slim Boukhdir à un an de prison pour “outrage à fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions”, “atteinte aux bonnes moeurs” et “refus de présenter ses papiers d'identité” par le tribunal cantonal de Sakiet Ezzit dans la banlieue de Sfax (231 km au sud de Tunis). Le journaliste est détenu depuis son interpellation le 26 novembre. “En Tunisie, on emprisonne les journalistes sous des motifs souvent éloignés de leur profession pour se prémunir de toute accusation de censure. Mais personne n'est dupe, Slim Boukhdir paye le prix de sa liberté de ton. Banni de la presse officielle tunisienne pour laquelle il travaillait, harcelé par les forces de l'ordre, ce journaliste ne s'est jamais découragé et a toujours cherché à dénoncer les atteintes aux droits de l'homme commises dans le pays du président Zine el-Abidine Ben Ali”, a déclaré l'organisation. “Nous lançons un appel aux représentations étrangères en Tunisie afin qu'elles expriment ouvertement leur soutien à ce journaliste dans les plus brefs délais, sans quoi le verdict sera confirmé en appel et Slim Boukhdir ne pourra recouvrer sa liberté. L'espoir, né après la libération en juillet dernier de Mohammed Abbou, d'assister à une amélioration de la situation de la liberté de la presse en Tunisie s'est déjà évanoui”, a ajouté Reporters sans frontières. Le 4 décembre 2007, le juge Hatem Ouarda, du tribunal cantonal de Sakiet Ezzit, a condamné Slim Boukhdir à huit mois de prison pour “outrage à fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions”, quatre mois de prison pour “atteinte aux bonnes moeurs” et à verser cinq dinars d'amende (l'équivalent de 2,8 euros) pour “refus de présenter ses papiers d'identité”. Contactée par Reporters sans frontières, l'avocate Radia Nasraoui a affirmé qu'il y avait eu “vice de forme”. Selon Me Nasraoui, le juge n'a pas voulu écouter les arguments de la défense et a auditionné les témoins à charge sans leur faire prêter serment. Deux témoins ont ainsi été présentés au tribunal : un chauffeur de taxi collectif et l'un de ses passagers. Slim Boukhdir avait été arrêté dans la matinée du 26 novembre 2007 lors d'un contrôle d'identité des passagers d'un taxi collectif reliant Sfax à Tunis. Le juge en charge du dossier avait refusé de lui accorder la mise en liberté provisoire. Le journaliste sera maintenu en détention jusqu'à la date du procès en appel. Slim Boukhdir, 39 ans, est le correspondant du journal panarabe basé à Londres Al Quds Al Arabi et du site Internet de la chaîne de télévision satellitaire Al-Arabiya. Par ailleurs, il publie des articles sur plusieurs sites Internet dont Tunisnews et Kantara. Reporters sans frontières rappelle que le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali est l'un des 34 prédateurs de la liberté de la presse dans le monde. Sur le même sujet : 28.11.2007 - Le journaliste Slim Boukhdir maintenu en détention jusqu'à son procès
Publié le
Updated on 20.01.2016