Le journaliste radio philippin Percy Lapid sauvagement assassiné

Bien connu des auditeurs de Manille pour ses émissions intransigeantes face aux abus du pouvoir, Percy Lapid est tombé dans un guet-apens avant d’être sèchement abattu. Reporters sans frontières (RSF) exige la création d’une commission d’enquête  indépendante pour retrouver les exécutants et les commanditaires de ce meurtre ignoble.

“Le profil du journaliste et le modus operandi des tueurs laissent clairement penser que Percy Lapid a été assassiné en représailles à son travail de journaliste, courageux et intransigeant, remarque le responsable  du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. Nous appelons l’administration du président Ferdinand Marcos Junior à diligenter une équipe d’enquêteurs indépendants pour faire toute la lumière sur ce meurtre. Le chef de l’Etat tient là une opportunité de montrer sa volonté d’en finir avec l’impunité des crimes commis contre les journalistes philippins.”



 

Deux balles, tirées à bout portant, l’ont tué sur le coup. Le journaliste radio Percival Mabasa, connu de ses auditeurs par son pseudonyme Percy Lapid, a été abattu hier, lundi 3 octobre, vers 20 h 30, près de son domicile de Las Piñas, en banlieue de Manille, la capitale.

Il s’apprêtait à pénétrer dans son lotissement au volant de sa voiture lorsqu’un véhicule a percuté le sien par l’arrière, après quoi un tireur arrivé à moto, à hauteur du journaliste, lui a tiré dessus. 

Présentateur sur la radio DWBL, Percy Lapid était connu des auditeurs de l'agglomération manillaise pour son émission “Lapid Fire”, dans laquelle il décortiquait et dénonçait de nombreuses affaires de corruption et d'abus de biens sociaux. 

Trois journalistes tués chaque année

Dernier exemple en date, le journaliste avait récemment révélé de sérieuses anomalies concernant des importations de sucres par une agence dépendant directement de l’administration du président Ferdinand “Bongbong” Marcos, élu en mai. Ce scandale a  conduit à la démission du directeur de cabinet du chef de l’Etat, Vic Rodriguez, le mois dernier.

Dans une adresse aux médias, ce mardi 4 octobre, le frère de Percy Lapid, Roy Mabasa, lui-même journaliste, a expliqué attendre pour l’heure les résultats de l’enquête préliminaire de police avant de se prononcer sur une cause précise derrièrece meurtre. “Mais, connaissant mon frère, ceux qui ont commandité son assassinat sont forcément parmi ceux qu’il critiquait dans son émission”, a-t-il tranché.

Selon le baromètre RSF des violations de la liberté de la presse, les Philippines sont, avec une moyenne annuelle de trois à quatre journalistes tués en raison de leur métier, l’un des dix pays les plus meurtriers au monde pour les professionnels des médias.

L’archipel se situe à la 147e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022.

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