Le journaliste Paulo Machava assassiné à Maputo
Organisation :
Reporters sans frontières a appris avec inquiétude l'assassinat en pleine rue du journaliste Paulo Machava à Maputo ce matin, dans un contexte tendu pour les médias au Mozambique.
Paulo Machava, un journaliste reconnu et éditeur du journal en ligne Diario de Noticias a été abattu ce 28 août vers 6h00 du matin sur l'avenue Vladimir Lenine, une artère principale de la capitale Maputo, alors qu'il était en train de faire son jogging avant de se rendre au journal. Des témoins ont expliqué qu'il avait été abattu par des tireurs postés dans une voiture. Paulo Machava avait auparavant travaillé pour l'hebdomadaire indépendant Savana et la radio d'Etat Radio Moçambique. Il avait récemment soutenu des journalistes poursuivis en violation de la loi d’amnistie de 2014, dans une affaire de diffamation du chef de l'Etat.
"Il est extrêmement préoccupant qu'un journaliste reconnu soit abattu en pleine rue, déclare Clea Kahn-Sriber, responsable du Bureau Afrique de Reporters sans frontières. D’où qu’il vienne, ce message est d'une violence inouïe, et qui laisse penser, si on l’ajoute au récent assassinat de l'opposant Gilles Cistac et aux mesures judiciaires très sévères prises à l'encontre de plusieurs journalistes, qu'il est absolument interdit de critiquer les autorités et les mesures qu'elles peuvent prendre”.
La justice mozambicaine s'est illustrée récemment par sa sévérité envers les journalistes.
Fernando Mbanze et Fernando Veloso sont poursuivis depuis décembre 2013 pour exercice illégal de la presse et atteinte à la sécurité de l'Etat, après republication, dans les colonnes de leurs journaux respectifs, Mediafax et Canal de Moçambique, d’un post Facebook de l'économiste Carlos Nuno Castel-Branco critiquant le chef de l'Etat.
Alors que leurs actes devraient tomber sous le coup de la loi d'amnistie votée en 2014 par le Parlement qui prévoit que tout crime contre la sécurité de l'Etat (y compris des actes de violence physique et de destruction matérielle) commis entre mars 2012 et août 2014 est amnistié, ils continuent d'être poursuivis.
En juin, Nelson Mucandze, journaliste de l'hebdomadaire Expresso Moz qui a maintenant cessé de paraître et Anselmo Sengo, son éditeur, avaient été condamnés à une amende exorbitante de 10 millions de meticals (256,000 euros), à l'issue d'un procès en diffamation qui les opposait à Filipe Paunde, l'ancien secrétaire général du parti politique Frelimo.
Le Mozambique occupe la 85éme place dans l’édition 2015 du Classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016