Le journaliste Nqobani Ndlovu libéré malgré la volonté des autorités de le maintenir incarcéré

Reporters sans frontières se réjouit de la libération, vendredi 26 novembre 2010, du journaliste du Standard, Nqobani Ndlovu. Le journaliste avait été placé en détention depuis le 17 novembre, à la suite de la publication d’un article incriminant la transparence du processus de recrutement des forces de police. Sa libération avait été accordée par la magistrate chargée de l’affaire le 22 novembre dernier, mais les autorités avaient invoqué la section 121 du Criminal Procedure and Evidence Act (CPEA) pour prolonger sa détention de sept jours supplémentaires. A ce titre, Nqobani Ndlovu devait rester incarcéré jusqu’au 29 novembre. Reporters sans frontières salue l’initiative du juge Nicholas Mathonsi qui a autorisé la libération de Nqobani Ndlovu, rejetant ainsi la demande en appel des autorités. -----------------------------------------------------------------------
23-11-2010- Un journaliste maintenu en prison par les autorités contre l’avis de la justice Reporters sans frontières déplore le maintien en détention, depuis le 17 novembre 2010, de Nqobani Ndlovu, correspondant à Bulawayo de l'hebdomadaire indépendant The Standard. Le journaliste est actuellement détenu à la prison de Khami où il souffre de diarrhées. Cette arrestation fait suite à la publication d’un article signé par le journaliste trois jours plus tôt dans les colonnes du Standard. Il y affirmait que les forces de police avaient annulé le processus de promotion annuel et recruté de préférence des vétérans de guerre et des policiers à la retraite. Cette manœuvre aurait pour but de faire remporter par le parti du président Mugabe les élections prévues en 2011. Nqobani Ndlovu est accusé de "diffamation" contre le préfet de police, le général Augustine Chihuri, et les forces de police en général, selon les articles 96 (1) (a) et 31 du Criminal Law (Codification and Reform) Act. Reporters sans frontières réclame la libération du journaliste et exige l’exercice d’une justice indépendante, exempte de toute pression politique. Le 22 novembre, la juge Sibongile Msipa a autorisé la libération de Nqobani Ndlovu contre une caution de 100 US dollars et son assignation à sa résidence de Pumula. La magistrate a argué que le journaliste pouvait bénéficier de cette libération conditionnelle étant donné qu’il s’était rendu de son plein gré aux autorités de police. Or, ces dernières ont immédiatement invoqué la section 121 du Criminal Procedure and Evidence Act (CPEA) pour prolonger sa détention de sept jours supplémentaires. Elles ont prétexté que le journaliste, qui risque une peine de vingt ans d’emprisonnement, était susceptible de s’enfuir. Pourtant, la magistrate avait précédemment déclaré qu’il risquait au pire, s’il était reconnu coupable, une peine de deux ans de prison. Il comparaîtra à nouveau devant la cour le 29 novembre. Reporters sans frontières se joint à l’avocat du journaliste, Josphat Tshuma, et déplore cet usage abusif de la législation. L’avocat a en outre déclaré que les autorités avaient exigé du journaliste de révéler ses sources, demande à laquelle il a refusé d’accéder au nom de l’éthique professionnelle. Reporters sans frontières s’inquiète pour sa santé et demande qu’il soit relâché dans les plus brefs délais. Le 16 novembre dernier, Dumisani Sibanda, chef du Bureau du groupe de presse Alpha Media Holdings (AMH) à Bulawayo, également président de l'Union des journalistes du Zimbabwe (ZUJ), a été brièvement détenu et interrogé par la police au sujet du même article. La police a également lancé des recherches contre le rédacteur en chef de The Standard, Nevanji Madanhire, qui ne s’est pas présenté à sa rédaction depuis. The Standard, Newsday et The Zimbabwe Independent appartiennent tous les trois au groupe de presse Alpha Media Holdings. ''La détention de Nqobani Ndlovu, la chasse à l’homme menée à l'encontre de Nevanji Madanhire et l’interrogatoire imposé à Dumisani Sibanda nous préoccupent profondément '', a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de l’organisation. '' Il semble que le président Mugabe et ses partisans soient résolus à ne plus respecter l'accord de partage du pouvoir à l'origine du gouvernement de coalition créé en février 2009. En harcelant les journalistes, Robert Mugabe tente d'affaiblir les voix critiques.'' Robert Mugabe fait partie, selon l'organisation, des prédateurs de la liberté de la presse. Reporters sans frontières s'était insurgée il y a peu contre un projet de loi limitant drastiquement les prérogatives des journalistes . Photo : Robert Mugabe, AP
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Updated on 20.01.2016