Le journaliste Jose Rubén Zamora à nouveau devant le tribunal pour obstruction à la justice

Le journaliste guatémaltèque Jose Rubén Zamora doit à nouveau comparaître devant la justice le 5 février dans une affaire d'obstruction à la justice, la dernière des trois affaires intentées contre lui pour des motivations politiques. Il est détenu depuis plus de 550 jours dans le cadre d'une affaire de blanchiment d'argent, bien que la condamnation ait été annulée en octobre. Des représentants de Reporters sans frontières (RSF) seront présents dans la salle d'audience pour suivre le déroulement du procès, dans le cadre d'une mission de plaidoyer dans le pays.

La bataille judiciaire se poursuit pour le fondateur du journal elPeriódico Jose Rubén Zamora, l'un des plus grands noms du journalisme guatémaltèque. Il doit comparaître à nouveau devant un tribunal le 5 février dans une affaire d'obstruction à la justice, dans laquelle lui et ses anciens avocats sont accusés d'avoir conspiré pour interférer avec les enquêtes sur l'affaire de blanchiment d'argent dont il a déjà fait l'objet. Ses avocats ont été condamnés pour ces accusations en janvier et avril 2023. L'audience de Jose Rubén Zamora a, elle, déjà été reportée deux fois, tandis que son nouveau procès pour blanchiment d'argent a également été retardé.

Cette audience marque la première comparution de Jose Rubén Zamora devant un tribunal sous la nouvelle administration du président Bernardo Arévalo, qui a pris ses fonctions le 14 janvier. Ce dernier a récemment déclaré que son gouvernement "n'utilisera pas d'instruments pour poursuivre la presse en justice", tout en soulignant que "la liberté d'expression est une priorité". Le directeur du bureau Amérique latine de RSF, Artur Romeu, se rendra à Guatemala City pour assister à l'audience et rencontrer des représentants du nouveau gouvernement, des avocats et des journalistes. RSF a également demandé officiellement à rendre visite à Jose Rubén Zamora en prison.

"L'emprisonnement de Jose Rubén Zamora, emblématique de la criminalisation du journalisme mise en place par l'ancien gouvernement d'Alejandro Giammattei, devient un impératif incontournable pour le nouveau gouvernement de Bernardo Arévalo, qui a pris ses fonctions en s'engageant à garantir la liberté de la presse dans le pays. Il est déplorable que l'un des plus grands noms du journalisme guatémaltèque soit emprisonné depuis plus de 550 jours dans l'attente d'un nouveau procès pour des accusations fallacieuses. Jose Rubén Zamora doit être immédiatement libéré et l'administration Arévalo doit s'assurer que toutes les procédures intentées contre lui se déroulent dans le respect de la légalité et du droit à un procès équitable.

Artur Romeu
Directeur du bureau Amérique latine de RSF

Âgé de 67 ans, Jose Rubén Zamora est détenu depuis le 29 juillet 2022 sur la base d'une ordonnance d’emprisonnement préventif relative à l'affaire de blanchiment d'argent dont il fait l'objet. Il avait été condamné à six ans de prison en juin 2023. Toutefois, cette condamnation a été annulée par la cour d'appel en octobre 2023 en raison d'irrégularités de procédure soulevées par l'accusation. Cette affaire devait également faire l'objet d'un nouveau procès le 5 février, mais a depuis été reportée, la chambre pénale de la Cour suprême examinant une demande de récusation de trois juges. La même chambre examine également l'appel extraordinaire du ministère public pour des mesures de substitution, ce qui retarde la décision sur la demande de Jose Rubén Zamora d'être assigné à résidence – ce qui signifie qu'il reste actuellement détenu dans l'attente d'un nouveau procès dans l'affaire de blanchiment d'argent. Outre ces deux affaires, le journaliste fait également l'objet d'une troisième affaire dans laquelle il est accusé d'avoir falsifié des signatures sur des documents de contrôle de l'immigration.

La révision par le président Arévalo de la position du gouvernement dans le nouveau procès de Jose Rubén Zamora, ainsi que dans d'autres affaires en cours contre la presse, s'avérera une étape cruciale pour recadrer ces affaires et inverser les tendances dangereuses imposées par l'administration précédente. 

Deux semaines seulement après son entrée en fonction, M. Arévalo a souligné que l'affaire Zamora était "emblématique" de la persécution politique dont les journalistes font l'objet dans le pays. M. Arévalo a indiqué que son gouvernement n'avait pas le pouvoir de libérer M. Zamora, mais qu'il espérait qu'à l'issue du nouveau procès, M. Zamora serait assigné à résidence pendant la durée de la procédure judiciaire. Les commentaires de Bernardo Arévalo font suite à une visite à Jose Rubén Zamora en prison par le ministre de la gouvernance, Francisco Jimenez, le lendemain de son entrée en fonction.

Le Guatemala est classé 127e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2023 de RSF.

Image
127/ 180
Score : 48,12
Publié le