Reporters sans frontières exprime sa plus vive inquiétude suite à la mise en examen, le 6 décembre, du journaliste irano-américain Jason Rezaian, détenu depuis le 22 juillet 2014. Selon sa famille, la détention provisoire du journaliste a été prolongée de 60 jours et son avocat n'a pas été autorisé à le rencontrer. Les charges qui pèsent contre lui n’ont officiellement pas été révélées par la justice iranienne.
Selon les informations du
Washington Post, après cinq mois de détention arbitraire, le correspondant du journal à Téhéran a enfin comparu le 6 décembre, pendant 10 heures devant une instance de la justice iranienne. ”Les Etats-Unis sont profondément déçus et inquiets au vu des informations relatant que la justice iranienne a inculpé le journaliste du Washington Post Jason Rezaian sous des chefs d’inculpation non spécifiés et que le juge a rejeté sa demande de libération sous caution», a déclaré le lendemain le secrétaire d’Etat américain John Kerry, commentant officiellement pour la première fois l'arrestation du journaliste.
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Depuis des années, les ressortissants occidentaux, et particulièrement les journalistes, sont à la fois victimes de la paranoïa sécuritaire des dirigeants du régime et instrumentalisés à des fins de négociations diplomatiques, le tout dans le silence complice de la communauté internationale, déclare Reza Moini, responsable du bureau Iran/Afghanistan de Reporters sans frontières.
Ce journaliste, qui n’a commis aucun crime, est victime de la guerre que se livrent les clans au sommet de l’Etat et des tensions entre la communauté internationale et Téhéran. La communauté internationale, et particulièrement les Etats-Unis, doivent condamner cette politique qui s’apparente à de la prise d’otages et faire de la question des droits de l'homme et de la libération des journalistes une priorité dans les discussions.”
Le 22 juillet 2014, Jason Rezaian et son épouse
Yeganeh Salehi, également journaliste pour The National, journal basé aux Emirats arabes unis et deux autres ressortissants américains ont été arrêtés simultanément par des agents en civil des Gardiens de la révolution à leur domicile de Téhéran. Lors de la perquisition, leur appartement a été saccagé, et l’ensemble des équipements informatiques confisqué. Les deux ressortissants américains ont été libérés provisoirement un mois plus tard. Yeganeh Salehi a, elle, été libérée provisoirement le 4 octobre 2014 contre le versement d’une lourde caution dans l’attente de son jugement.
Jason Rezaian a été arrêté dans l’illégalité la plus totale, et a “disparu” dans les arcanes du système sécuritaire des Gardiens de la révolution. Pendant des semaines, son nom n'a été enregistré dans aucun registre officiel des prisons du pays. Son lieu de détention reste à l’heure actuelle inconnu. Privé de ses droits les plus élémentaires, notamment celui de bénéficier des services d’un avocat ou des visites régulières de sa famille, le jeune homme, qui a perdu 30 kilos, est très affaibli physiquement et psychologiquement. Il a subi de longues périodes d’isolement et des pressions dans le but de lui arracher des aveux qui pourraient être utilisés contre lui lors de son procès. En Iran, les droits des détenus sont bafoués, à commencer par celui de bénéficier de soins médicaux adéquats.
D’après l’article 168 de la Constitution de la République islamique d’Iran, les procès de délits politiques et notamment délits de presse doivent être publics et se dérouler en présence de jurés populaires. Pourtant, la plupart se déroulent à huis clos. Les accusés ne sont parfois pas informés de la tenue de leur procès et de leur condamnation. Les avocats eux-mêmes peuvent être écartés, et n’ont, dans bien des cas, pas accès au dossier de leur client.
Contactée par Reporters sans frontières, sa famille qui a
lancé cette semaine un pétition pour demander sa libération, a déclaré: “Notre famille demande au guide suprême l'ayatollah Ali Khamenei, la libération immédiate et inconditionnelle de Jason et Yeganeh, et de montrer à la communauté internationale que l'Iran est en effet un pays qui respecte ses lois .”