Le journaliste en ligne Mojtaba Lotfi condamné à quatre ans de prison pour diffusion d'opinions de l'ayatollah Montazeri
Reporters sans frontières condamne la décision prise par le tribunal spécial du clergé de la ville de Qom (centre-nord du pays) d'infliger une peine de quatre ans de prison et de cinq ans de bannissement au journaliste en ligne Mojtaba Lotfi, accusé de “diffusion d'opinions du grand ayatollah Montazeri” et de “publicité contre le régime”.
Reporters sans frontières condamne la décision prise le 29 novembre 2008 par le tribunal spécial du clergé de la ville de Qom (centre-nord du pays) d'infliger une peine de quatre ans de prison et de cinq ans de bannissement au journaliste en ligne Mojtaba Lotfi, accusé de “diffusion d'opinions du grand ayatollah Montazeri” et de “publicité contre le régime”. Il est détenu depuis le 8 octobre à Qom.
“Le tribunal spécial du clergé fonctionne indépendamment de tout cadre judiciaire classique. Cette décision est injuste et a été prise à charge contre Mojtaba Lotfi, qui n'a pas eu l'occasion de se défendre. Nous insistons sur le fait qu'en plus d'être un scandale humain, l'arrestation de Mojtaba Lotfi est une mesure d'intimidation intolérable à l'encontre de la blogosphère. Nous demandons sa libération”, a déclaré l'organisation.
Mojtaba Lotfi a été arrêté le 8 octobre pour avoir diffusé sur Internet des propos de l'ayatollah Hossein Ali Montazeri, un célèbre opposant au guide suprême de la révolution islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, critiquant la déclaration du président Mahmoud Ahmadinejad selon laquelle l'Iran serait “le pays le plus libre du monde” (http://www.amontazeri.com/farsi/default.asp). Le lendemain, des agents du ministère du Renseignement ont perquisitionné la maison du journaliste en ligne à Qom sur ordre du tribunal spécial du clergé, confisquant le disque dur de son ordinateur, ainsi que certains documents personnels.
Le tribunal spécial du clergé a été créé par l'ayatollah Khomeiny en 1979 pour juger les religieux qui collaboraient avec l'ancien régime lors de la période révolutionnaire. Il a été réactivé par l'ayatollah Ali Khamenei, actuel guide suprême de la Révolution. Selon certains juristes et défenseurs des droits de l'homme en Iran, cette instance est illégale. L'accusé ne peut être défendu et, même s'il l'est à titre exceptionnel, c'est un mollah (dignitaire religieux et docteur de la loi musulmane) qui lui sert d'avocat.
Mojtaba Lotfi est un mollah, ancien journaliste du quotidien réformateur Khordad, dont la publication a été suspendue en 2000. Le journaliste avait déjà été arrêté début mai 2004 et incarcéré à la prison de la ville sainte de Qom. Le 14 août 2004, il avait été condamné à trois ans et dix mois de prison pour avoir publié "des mensonges" sur www.naqshineh.com, un site d'informations sur la ville de Qom, dans un article intitulé "Le respect des droits de l'homme dans les affaires impliquant le clergé". Il avait été libéré sous caution dans l'attente de son procès en appel, dont la date n'a jamais été fixée. Il souffre également de problèmes pulmonaires suite à une blessure subie lors de la guerre Iran-Irak (1980-1988).
Par ailleurs, la revue Ayandeh-é-No (“Le nouvel avenir”) a été suspendue pour “publication irrégulière” (art. 16 du code de la presse), le 29 novembre, sur ordre de la Commission d'autorisation et de la surveillance de la presse, placée sous la tutelle du ministère du Guide et de l'Orientation islamique. Quelques jours avant la suspension de la revue, son directeur avait annoncé la sortie prochaine de Ayandeh-é-No avec l'équipe de l'hebdomadaire Shahrvand Emrouz, suspendu le 5 novembre.