Le journaliste du Chiapas, Angel Mario Ksheratto, libéré une nouvelle fois sous caution
Reporters sans frontières dénonce l'emprisonnement abusif, le 4 février 2006, d'Angel Mario Ksheratto, du quotidien Cuarto Poder à Tuxtla Gutiérrez (Etat du Chiapas, Sud). Poursuivi pour « diffamation » depuis 2002 par une fonctionnaire, le journaliste risque jusqu'à cinq ans de prison et sa caution a été fixée, le 8 février, à 10 000 euros.
La législation du Chiapas, la plus sévère de toute l'Amérique latine en matière de délits de presse, prévoit une peine allant jusqu'à neuf ans de prison en cas de « diffamation » ou de « calomnie ». Quarante journalistes de l'Etat sont actuellement sous le coup d'une procédure. Face à cette situation, le gouverneur Juan Sabines Guerrero a récemment suggéré au Congrès de l'Etat une clause d'exception pour les journalistes, sans pour autant recommander la dépénalisation.
Reporters sans frontières salue le geste du gouverneur du Chiapas en faveur d'Angel Mario Ksheratto, mais ne se satisfait pas de ce statu quo législatif. « Alors que la loi fédérale évolue dans le sens d'une dépénalisation, il est absurde de maintenir des procédures criminelles au niveau des Etats. Au Chiapas, la législation représente un grave danger pour la liberté de la presse », a déclaré l'organisation. ____________________________________________________________ 13.11.06 - Le journaliste Angel Mario Ksheratto renvoyé en prison
Reporters sans frontières condamne l'acharnement judiciaire qui vient d'aboutir au renvoi derrière les barreaux d'Angel Mario Ksheratto, du quotidien local Cuarto Poder, au motif qu'il n'aurait pas respecté les clauses de son contrôle judiciaire. Le 11 novembre, des fonctionnaires de la Agencia Estatal de Investigación (AEI) du Chiapas (Sud), ont arrêté le journaliste et l'ont transféré à la prison d'El Amate, où il avait déjà purgé dix-huit jours de détention entre le 4 et le 22 février 2006 avant d'être libéré moyennant une caution de 8 000 euros. Angel Mario Ksheratto est poursuivi en justice pour « diffamation » par une fonctionnaire de l'Etat du Chiapas qu'il avait mise en cause dans une affaire de détournement de fonds publics. Selon la législation locale, plus sévère que dans les autres Etats du pays, il risque une peine de cinq ans de prison et une amende équivalente à 75 jours de salaire minimum. Angel Mario Ksheratto a été arrêté à trois reprises, en janvier 2003, octobre 2005 et février 2006. A chaque fois, il lui a été reproché un manquement à son obligation de signer, une fois par semaine, le registre des cautions. Cette formalité le contraint à un déplacement de 120 kilomètres depuis son lieu de travail et de résidence. ____________________________________________________________ 24.02.06 - Angel Mario Ksheratto libéré sous caution après dix-huit jours de prison
Après s'être acquitté d'une caution de 8 000 euros, Angel Mario Ksheratto, du quotidien local Cuarto Poder, a recouvré la liberté le 22 février après dix-huit jours passés à la prison de haute sécurité d'El Amate, à 90 km de Tuxtla Gutiérrez (capitale de l'Etat du Chiapas). Le juge a finalement accepté de réduire une caution initialement fixée à 10 000 euros et le journaliste a bénéficié de la solidarité financière de ses collègues et amis. Angel Mario Ksheratto reste néanmoins poursuivi pour « diffamation » par une fonctionnaire de l'Etat du Chiapas qu'il avait mise en cause, en 2002, pour un détournement de fonds publics. Selon le code pénal de l'Etat, très sévère en matière de délit de presse, il est passible d'une peine de cinq ans de prison ferme et d'une amende équivalente à 75 jours de salaire minimum. _____________________________________________________ 10.02.06 - Caution exorbitante pour un journaliste abusivement détenu Reporters sans frontières est scandalisée par le traitement judiciaire infligé à Angel Mario Ksheratto, du quotidien Cuarto Poder, arrêté pour « diffamation » une troisième fois dans une même affaire, le 4 février 2006, dans l'Etat du Chiapas (Sud). Le 8 février, le juge de Tuxtla Gutiérrez (capitale de l'Etat) a fixé le montant de la caution pour la libération du journaliste à 10 000 euros. Le journaliste risque jusqu'à cinq ans de prison. « L'emprisonnement pour un délit de presse est indigne d'un Etat de droit et il est absurde que l'Etat du Chiapas maintienne ce type de peine, quand d'autres Etats du Mexique l'ont supprimé. Les détentions à répétition dont fait l'objet Angel Mario Ksheratto relèvent du harcèlement. Enfin, une caution en échange d'une libération doit tenir compte, comme le prévoit la Constitution, du niveau de solvabilité du prévenu, ce qui n'est pas le cas ici. Nous demandons la libération immédiate de Angel Mario Ksheratto ou, à défaut, une caution qui lui permette de recouvrer rapidement la liberté pour se défendre », a déclaré Reporters sans frontières dans une lettre adressée au président du Tribunal supérieur de justice de l'Etat du Chiapas. En août 2002, Angel Mario Ksheratto avait révélé dans Cuarto Poder que María del Pilar López Hernández, chef du Département des écoles du gouvernement du Chiapas, avait utilisé des fonds publics pour s'acheter une maison. La fonctionnaire avait alors poursuivi le journaliste en « diffamation ». Les peines de prison prévues pour ce délit par la législation du Chiapas ont été durcies en février 2004, passant de 2 à 3 ans de prison au minimum et de 5 à 9 ans au maximum, assorties d'un alourdissement des amendes. Le 9 janvier 2003, Angel Mario Ksheratto avait été arrêté une première fois et obligé de signer le registre des cautions une fois par semaine. Cette formalité l'obligeait à se rendre dans des locaux de justice situés à 120 kilomètres de Tuxtla Gutiérrez où il travaille. En octobre 2005, le journaliste avait été à nouveau appréhendé sans ordre judiciaire et détenu quelques heures avant d'être relâché. Le 4 février 2006, Angel Mario Ksheratto a été interpellé une troisième fois, le juge estimant qu'il n'avait pas rempli ses précédentes obligations judiciaires. Quatre jours plus tard, ce dernier a fixé le montant de sa caution à 10 000 euros, une somme bien supérieure à ses ressources. Le 9 février, Gabriel Soberón, l'avocat du journaliste, a annoncé à Reporters sans frontières qu'il déposerait un recours afin de réduire le montant de la caution. Il a précisé à l'organisation que la justice dispose d'un délai de trente jours pour statuer. Trente jours pendant lesquels le journaliste restera détenu.