Le journaliste Chandra Giri torturé par l'armée

Alors que Louise Arbour, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, achevait sa visite au Népal, le 26 janvier 2005, en déclarant que « les responsables des violations des droits de l'homme au Népal ne resteront pas impunis », Reporters sans frontières apprenait que Chandra Giri, de l'hebdomadaire Shram, a été torturé par des militaires. Il est détenu à Katmandou en vertu de la loi antiterroriste. Reporters sans frontières a adressé une lettre au Premier ministre népalais et ministre de la Défense, Sher Bahadur Deuba, pour lui faire part de son indignation quant au traitement infligé au jeune reporter. « L'armée royale népalaise doit impérativement cesser de détenir au secret et de torturer les journalistes en toute impunité. Nous vous prions d'intervenir auprès des autorités compétentes pour que Chandra Giri soit libéré et que les auteurs de ces sévices soient punis », a écrit l'organisation. Reporters sans frontières rappelle au Premier ministre que son pays a ratifié la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, entrée en vigueur en juin 1987. Celle-ci stipule dans son article 2 « qu'aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu'elle soit, qu'il s'agisse de l'état de guerre ou de menace de guerre, d'instabilité politique intérieure ou de tout autre état d'exception, ne peut être invoquée pour justifier la torture ». Chandra Giri, de l'hebdomadaire privé Shram, a été transféré le 19 janvier 2005 à la prison centrale de Katmandou, après vingt jours de détention au secret. Son frère, Yamulal Giri, qui a pu lui rendre visite, a déclaré à Reporters sans frontières qu'il avait été « torturé ». Les soldats cherchaient à obtenir ses sources et ses contacts avec des leaders maoïtes. Il a été frappé, a reçu des décharges électriques et a été aspergé d'eau glacée. « Je suis toujours vivant après plusieurs morts », a affirmé le journaliste à son frère. Chandra Giri, 23 ans, avait été enlevé par l'armée, le 30 décembre 2004, à Katmandou. Pendant 20 jours, il a été transféré de caserne en caserne. Il est aujourd'hui détenu en vertu de la loi antiterroriste qui autorise l'Etat à le garder sans procès pendant six mois. Le journaliste travaille également pour les hebdomadaires Halchal et Economic Post, publiés à Katmandou. En novembre 2002, Reporters sans frontières et l'organisation népalaise INSEC avaient adressé un rapport au Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme lui demandant d'intervenir en raison de la dégradation massive des libertés, et notamment du recours systématique à la torture par les forces armées.
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Updated on 20.01.2016