Le journal Taraf craint une perquisition

Depuis le 7 juillet 2008, le quotidien de tendance libérale Taraf craint une perquisition policière pour saisir un document publié le 25 juin dernier. Le procureur de l'Etat-major des armées, Zekeriya Duran, avait exigé que le journal remette un document confidentiel appartenant à l'armée avant le 7 juillet dernier. Ce document confirmait que les services de renseignements de l'Etat avaient eu connaissance à l'avance de l'attaque du 21 octobre 2007 par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) contre le régiment Daglica de la province de Hakkari, à la frontière turco-irakienne. Cette attaque s'était soldée par treize morts et huit enlèvements au sein de l'armée turque. “Nous dénonçons les méthodes employées par le juge militaire à l'encontre du journal Taraf. Il s'agit d'une véritable menace pour que le journal divulgue ses sources. Nous demandons au juge Duran de ne pas mettre ses menaces à exécution et de ne pas perquisitionner le siège de la rédaction”, a déclaré Reporters sans frontières. Dans un courrier officiel adressé le 3 juillet 2008 au directeur de la publication du quotidien Taraf, le procureur militaire Zekeriya Duran lui demandait de rendre “ce document et les autres”, sinon il serait obligé de “faire appel aux forces de l'ordre” pour les récupérer. Le procureur souhaite déterminer comment ces documents appartenant aux renseignements de l'Etat-major sont parvenus entre les mains de personnes “non compétentes”. Ahmet Altan, le directeur de la publication, a affirmé dans sa chronique du 4 juillet : “Cet appel sent la menace à plein nez.” Les journalistes sont convaincus qu'”il se prépare à perquisitionner Taraf” et craignent une descente des forces de l'ordre, qui agiraient sur l'ordre d'un procureur civil saisi par le procureur militaire. Pour la rédaction de Taraf, la démarche du juge est contraire à la loi. Affirmant être prêt à fournir le document publié à quiconque le demande, Ahmet Altan a ajouté que “l'Etat-major doit être plus explicite sur le document auquel il fait référence”. Le procureur Duran, pour justifier sa demande, cite l'article 326 du code pénal relatif aux “documents concernant la sécurité de l'Etat”, et l'article 339 sur la “possession de documents relatifs à la sécurité de l'Etat”. Il précise par ailleurs que se procurer des documents d'importance vitale pour la sécurité nationale et les dévoiler constitue un crime.
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Updated on 20.01.2016