Le harcèlement des journalistes se poursuit en dehors de la capitale

Les raids contre les médias se prolongent au Bélarus, où les autorités tentent de reprendre le contrôle de la couverture de l’actualité sociale. Ainsi, malgré les appels internationaux en faveur de la libération des personnes interpellées le soir du premier tour du scrutin présidentiel, le 19 décembre dernier, non seulement les libérations restent rares, mais les pressions sur la société civile se poursuivent. Les journalistes en font particulièrement les frais, surtout lorsqu’ils sont soupçonnés de disposer de matériaux relatifs à la manifestation du 19 décembre. Au moins deux professionnels des médias, Irina Khalip et Natalia Radzina, sont poursuivis par la justice et encourent de trois à quinze ans de prison. Reporters sans frontières renouvelle son appel à la définition d'une position européenne commune face à la situation au Bélarus. Au besoin par le retour aux sanctions visant les dirigeants du pays. Plus encore, les gouvernements européens et russe, doivent exiger la libération immédiate de tous ceux encore détenus pour leur participation présumée aux manifestations. Le 10 janvier 2011, la police a perquisitionné les locaux de l’hebdomadaire indépendant Borisovskyie Novosti, dans la ville de Barysaw (région de Minsk) saisissant tout l’équipement du média : 13 ordinateurs, trois fax, trois appareils photos, des moniteurs et des claviers. Le même jour, le domicile du rédacteur en chef du titre, Anatol Boukas, a fait l’objet d’une mesure similaire et l’appareil photo du journaliste a, lui aussi, été confisqué. La police a, comme dans la plupart des autres « descentes », produit un mandat stipulant qu’elle agissait dans le cadre d’une enquête menée par le Comité pour la sécurité de l’Etat (KGB), en rapport avec les « émeutes » du 19 décembre dans la capitale. Quarante-huit heures avant, des hommes du KGB ont interpellé le correspondant du journal polonais Gazeta Wyborcza, Andreï Pachobut, devant son domicile de Hrodna (Ouest). Il a été conduit dans les locaux de la police politique où il a été interrogé sur sa participation supposée aux événements du 19 décembre, qu’il couvrait pour son journal. Le journaliste considère cette brève détention comme une tentative d’intimidation. « Je pense que cet incident est totalement imputable à ma qualité de journaliste », a-t-il déclaré à RSF. « Gazeta Wyborcza a publié tous mes articles sur le Bélarus depuis le 19 décembre et souvent en première page », a-t-il poursuivi. Le journal jouit d’une influence significative sur l’opinion publique en Pologne et en Europe et les autorités bélarusses n’ont pas apprécié la couverture de la dispersion de la manifestation du 19 décembre par ce dernier. Andreï Pachobut a refusé pendant trois heures de répondre aux questions des officiers du KGB. L’un d‘entre eux a perdu patience et a frappé le journaliste par trois fois à la tête, et une fois à la poitrine. Andreï Pachobut s’est vu remettre une mise en garde officielle en lien avec sa participation présumée à la manifestation. Le même jour, le journaliste s’est plaint auprès du parquet militaire. Il a l’intention de poursuivre son agresseur. Vingt-cinq mises en examen ont été prononcées dans cette affaire, dont cinq contre d’anciens candidats à l’élection présidentielle : Ales Mikhalevich, Uladzimir Nikliaieu, Vital Rymashewski, Andreï Sannikau et Mikalaï Statkevich. On compte parmi les suspects, Natalia Radzina, rédactrice en chef du site d’opposition charter97.org, Irina Khalip, correspondante du trihebdomadaire russe Novaïa Gazeta, ainsi que des membres de la Belarusian Association of Journalists (BAJ, organisation partenaire de Reporters sans frontières) : Pavel Seviarinets (l’un des leaders du parti chrétien démocrate), Syarheï Vazniak, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Tovarich, Aliaksandr Fiaduta (tous deux engagés aux côtés d’Uladzimir Niakliaieu), et Zmitser Bandarenka, un membre de l’équipe de campagne d’Andreï Sannikau.
Publié le
Updated on 20.01.2016