Le harcèlement des autorités contre les blogueurs continue

Reporters sans frontières dénonce le harcèlement des autorités malaisiennes à l'encontre des blogueurs et de leurs proches. Le 8 août 2007, Marine Lee, la femme du blogueur Raja Petra Kamaruddin, a été interrogée par la police dans un commissariat de Kuala Lumpur. Marina Lee a dû répondre aux questions des policiers qui l'interrogeaient au sujet du site Internet tenu par son mari, Malaysia Today. Marina Lee s'est défendue en affirmant aux autorités que, selon les règles de conduite définies par la charia, en tant que femme musulmane, elle est tenue de ne s'exprimer que si son mari l'autorise à le faire. Le 11 juillet, Raja Petra avait publié un article jugé insultant pour le roi. Le 23 juillet, le parti au pouvoir, l'Organisation nationale unifiée malaise (United Malays National Organisation, UMNO), a porté plainte contre l'écrivain. ----------------------------------------------------- 25.07 - Arrestations et convocations : les autorités en guerre contre les blogueurs Reporters sans frontières dénonce la récente vague de censure du Web et le harcèlement des autorités à l'encontre des blogueurs critiques. Tout cela, à l'approche de la fête de l'Indépendance, le 31 août, et d'élections anticipées prévues au début de l'année prochaine. "De plus en plus critiquée, le gouvernement d'Abdullah Ahmad Badawi semble privilégier la voix répressive pour y répondre. Prétextant la lutte contre l'incitation à la haine raciale ou l'outrage au Roi, le ministère de la Sécurité intérieure intimide les voix dissidentes, notamment les blogueurs. Il est scandaleux qu'un ministre brandisse la menace de l'emprisonnement à l'encontre des blogueurs qui ont ouvert un espace de liberté d'expression sans précédent dans le pays. Nous demandons la fin des poursuites contre les blogueurs Raja Petra Kamarudin, Nathaniel Tan, Ahiruddin Attan et Jeff Ooi. La presse nationale doit pouvoir jouir d'une réelle indépendance éditoriale", a affirmé Reporters sans frontières. La Malaisie est classée au 92e rang sur 168 pays dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Le ministre délégué à la Justice, Nazri Abdul Aziz, a déclaré le 24 juillet 2007 que le gouvernement n'hésiterait pas à avoir recours à la loi sur la Sécurité intérieure (Internal Security Act, ISA) pour punir les blogueurs qui abordent des sujets trop sensibles. L'ISA permet l'emprisonnement d'un individu pendant deux ans, sans procès, sous des motifs tels que l'"atteinte à la sécurité de l'Etat". Nazri Abdul Aziz a ajouté que le gouvernement avait, jusqu'à maintenant, été "très patient". Déjà, en décembre 2006, le ministre des Sciences et des Technologies, Kong Cho Ha, avait déclaré que le gouvernement comptait mettre en place des régulations visant à empêcher les "utilisations malveillantes" d'Internet et la diffusion par les blogueurs d'informations nuisant à l'"harmonie sociale" du pays. Les autorités ont convoqué, le 25 juillet, l'écrivain politique Raja Petra Kamarudin (surnommé RPK) pour l'interroger sur des articles publiés en ligne, dont un récent texte intitulé "See you in hell Muhamad son of Muhamad". Le parti au pouvoir, l'Organisation nationale unifiée malaise (United Malays National Organisation, UMNO), a porté plainte le 23 juillet contre l'écrivain. Les policiers l'ont interrogé pendant plus de huit heures, notamment sur l'identité de certains personnes ayant publié des commentaires à ses articles. Le 11 juillet, Raja Petra Kamarudin, qui s'occupe du site indépendant Malaysia Today, avait publié un article jugé insultant pour le roi et considéré comme une incitation à la haine raciale. Le bloggeur, qui revendique plus de 300 000 lecteurs par jour, est connu pour ses écrits critiques à l'encontre du Premier ministre Abdullah Ahmad Badawi et d'autres responsables politiques. Il encourt jusqu'à trois ans de prison. Après quatre jours de détention, Nathaniel Tan, blogueur et membre du Parti de la Justice (PKR, opposition), a été libéré le 17 juillet. Selon des sources locales, son arrestation aurait été motivée par un lien sur son blog vers un site publiant une information qualifiée de "secret d'Etat" (Official secret), à propos d'une affaire de corruption impliquant le ministre de la Sécurité intérieure, Johari Bharum. En janvier 2007, la direction et d'anciens responsables du quotidien New Straits Times ont poursuivi en justice deux blogueurs pour "diffamation". Connus pour leur liberté de ton, Jeff Ooi et Ahiruddin Attan ont publié des articles montrant, documents à l'appui, que certaines informations et éditoriaux du quotidien singapourien manquaient d'objectivité. Mi-juillet, le ministère de la Sécurité intérieure a adressé aux médias nationaux une directive leur interdisant de prolonger le débat sur le caractère islamique ou séculier du pays. Les autorités ont menacé les médias de leur retirer leur licence s'ils continuaient à publier des informations ou des opinions à ce sujet. L'agence Associated Press a révélé, le 20 juillet, que cet ordre faisait suite aux récents propos du vice-Premier ministre Najib Razak sur la nature islamique du pays. De nombreuses voix se sont élevées pour défendre le caractère séculier de la Malaisie.
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Updated on 20.01.2016