Le gouvernement tente d'embrigader la presse publique : Reporters sans frontières dénonce un comportement "archaïque et aventureux"
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Reporters sans frontières dénonce la reprise en main des médias publics par le gouvernement du Botswana, après qu'un haut responsable a ordonné aux médias publics de s'abstenir de publier des informations négatives sur la campagne de relocalisations controversée des tribus bushmen d'une réserve naturelle du pays.
"De telles injonctions sont inhabituelles au Botswana. Ce type de comportement est archaïque et aventureux. Même s'il ne s'agit que de déclarations, il est important que le gouvernement ne se laisse pas entraîner par la tentation d'embrigadement des médias. De plus, nous comprenons mal comment un haut responsable peut se défendre de s'en prendre à la liberté de la presse, tout en donnant des ordres à la presse publique et en injuriant la presse privée", a déclaré Reporters sans frontières.
Le 25 septembre 2006, Andrew Sesinyi, secrétaire permanent adjoint du ministère de la Communication, des Sciences et des Technologies, a ordonné à tous les chefs de service des médias publics de faire en sorte que les informations publiées sur la campagne d'expropriations des tribus bushmen gana et gwi de la réserve naturelle du Kalahari central soient "fortement contrastées". Il les invitait notamment à solliciter systématiquement des "commentaires de première main" du gouvernement. Selon son communiqué, il s'agit d'une "pratique universelle des journalistes" que d'exiger d'eux qu'ils soient "patriotes avant toute chose". Accusant les médias privés d'avoir "rallié l'ennemi", il a affirmé que ses ordres étaient à la fois "des instructions et des lignes directrices", se défendant par ailleurs de violer la liberté de la presse.
Cette déclaration a fait suite à la publication, le 21 septembre, des conclusions d'une mission d'enquête du principal parti d'opposition, le Botswana Congress Party (BCP), appelant le gouvernement à rouvrir des négociations avec les Bushmen. Le président en exercice du BCP, Kesitegile Gobotswang, a affirmé que la campagne de relocalisations forcées mettait la vie des populations bushmen gana et gwi en danger. L'enquête du BCP estimait en outre que cette campagne avait eu comme résultat un "immense coût social, économique et culturel" et qu'elle avait été motivée par une "idée erronée selon laquelle la vie sauvage et la population ne peuvent pas coexister". En septembre 2005, des manifestations de Bushmen, violemment réprimées par la police, avaient eu lieu dans la réserve, provoquant une réprobation internationale.
Le paysage médiatique du Botswana est dominé par les médias publics, notamment Botswana TV et Radio Botswana. Les médias privés n'ont qu'une faible envergure nationale. Hormis deux radios privées, une quinzaine de journaux et un seul quotidien privé connaissent une circulation limitée aux zones urbaines. Lors du lancement de Botswana TV, en août 2000, le ministre des Affaires présidentielles et de l'administration publique, Tebelelo Seretse, s'était engagé à ce que la chaîne ne soit pas un simple porte-voix du gouvernement.
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Updated on
20.01.2016