Reporters sans frontières exprime sa préoccupation alors que le gouvernement dirigé par Ismaël Haniyeh a décidé de mettre en place un nouveau système d'accréditation auquel devront se soumettre les médias audiovisuels et les agences de presse basés dans la bande de Gaza. "Cette décision semble être avant tout motivée par la volonté du Hamas de contrôler la presse", a déclaré l'organisation.
Reporters sans frontières exprime sa préoccupation alors que le gouvernement dirigé par Ismaël Haniyeh a décidé de mettre en place un nouveau système d'accréditation auquel devront se soumettre l'ensemble des sociétés de télécommunication, de distribution d'Internet, ainsi que les médias audiovisuels et les agences de presse basés dans la bande de Gaza, bastion du Hamas depuis juin 2007. Par ailleurs, l'organisation appelle à la libération de trois journalistes, détenus sans motif depuis le 12 octobre 2008 à Deir Al-Balah (Bande de Gaza).
Youssef Al-Mansi, ministre de la Communication et des Technologies de l'Information du gouvernement dirigé par le parti islamiste, a expliqué à Reporters sans frontières qu'il s'agissait "simplement de réglementer le travail des médias en accord avec la loi en vigueur depuis 1996".
"Cette décision semble être avant tout motivée par la volonté du Hamas de contrôler la presse. Le parti islamiste cherche ainsi à se doter d'instruments légaux l'autorisant à interdire les médias affichant une trop grande proximité avec l'Autorité palestinienne. Après la fermeture des locaux de la chaîne de télévision officielle (Palestinian Broadcasting Corporation), l'interdiction de distribution de journaux affiliés au Fatah (Al-Hayat Al-Jadida ou Al-Ayyam) et les arrestations de dizaines de professionnels des médias, le gouvernement d'Ismaël Haniyeh récidive en mettant en place une directive plus que contestable. Et l'Autorité palestinienne n'est pas en reste, puisque les médias affiliés au parti islamiste ne sont pas non plus autorisés à travailler en Cisjordanie", a déclaré l'organisation.
"Ces mesures coercitives imposées par le Hamas n'ont pas pour seule conséquence de contraindre les journalistes palestiniens à l'autocensure. Elles contribuent également à retarder le retour des correspondants étrangers, qui ont déserté la bande de Gaza depuis l'enlèvement du journaliste britannique Alan Johnston. Le pluralisme et la diversité de l'information sont mis en péril par ce type de décision", a ajouté Reporters sans frontières.
L'arrêt du ministère de la Communication et des Technologies de l'Information du Hamas, le 13 octobre 2008, a été accueilli avec inquiétude par les patrons de presse de la bande de Gaza. Shahdi Al-Kashif, directeur de l'agence Ramattan, a indiqué à l'organisation que les motivations politiques du gouvernement dépassaient toute considération légale. "Les journalistes sont pris dans un jeu de représailles entre le Hamas et l'Autorité palestinienne. Le Hamas nous demande aujourd'hui de nous enregistrer auprès du gouvernement de la bande de Gaza, alors que l'Autorité palestinienne interdit tout contact avec le gouvernement dissous", a-t-il affirmé.
Dans une autre affaire, les services de sécurité du Hamas ont interpellé, le 12 octobre 2008, trois journalistes à leurs domiciles de Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza. Youssef Fayad, Akram Al-Louh, deux collaborateurs du quotidien Al-Hayat Al-Jadida, et le journaliste en ligne Hani Ismaël sont toujours détenus sans qu'aucune charge soit retenue contre eux. Les ordinateurs des trois hommes ont été saisis.