Reporters sans frontières est outrée par l'établissement d'une « liste noire » d'une soixantaine de personnalités zimbabwéennes dont les passeports doivent être saisis et invalidés, leur interdisant ainsi de sortir du pays. Selon nos informations, outre le patron de presse Trevor Ncube (photo), au moins cinq personnalités de la presse indépendante, une avocate et une journaliste expatriée sont mentionnées sur cette liste, dont le propriétaire et d'anciens responsables du quotidien aujourd'hui disparu The Daily News.
Reporters sans frontières est outrée par l'établissement d'une « liste noire » d'une soixantaine de personnalités zimbabwéennes dont les passeports doivent être saisis et invalidés, leur interdisant ainsi de sortir du pays. Cette mesure concerne aussi bien des personnes vivant au Zimbabwe que celles vivant à l'étranger et qui repasseraient les frontières de leur pays natal. Selon nos informations, outre le patron de presse Trevor Ncube, au moins cinq personnalités de la presse indépendante, une avocate et une journaliste expatriée sont mentionnées sur cette liste, dont le propriétaire et d'anciens responsables du quotidien aujourd'hui disparu The Daily News.
« Cette nouvelle manœuvre est kafkaïenne, a déclaré Reporters sans frontières. Jusqu'où le gouvernement de Robert Mugabe peut-il aller dans la répression avant de devoir rendre des comptes ? Membre de la Southern African Development Community (SADC) et sous l'influence de l'Afrique du sud, le Zimbabwe n'est pourtant menacé par aucune mesure coercitive pour ses violations répétées de la liberté de la presse. Il est plus que temps de passer à l'acte pour aider les Zimbabwéens à recouvrer leurs libertés civiles et politiques. »
Dans une lettre adressée le 28 novembre 2005 par le « Registrar General » (officier général de l'état civil), Tobaiwa Mudede, au chef des services d'immigration, Elasto Mugwadi, le gouvernement ordonne le « retrait » du passeport des personnes dont les noms figurent sur « la liste ci-dessous » et dont le document de voyage est déclaré « invalide ». Selon une source locale, la liste comporterait 64 noms. Parmi eux figurent l'homme d'affaires Strive Masiyiwa, propriétaire de la société éditrice du Daily News, Associated Newspapers of Zimbabwe (ANZ), les anciens rédacteurs en chef du Daily News Geoffrey Nyarota et Nqobile Nyathi, ainsi que les journalistes du Daily News Lloyd Mudiwa et Basildon Peta. La célèbre avocate Beatrice Mtetwa, lauréate 2005 du prix international de la liberté de la presse décerné par le Comittee to Protect Journalists (CPJ), ainsi que l'ancienne journaliste de la Zimbabwe Broadcasting Corporation (ZBC), Caroline Gombakomba, aujourd'hui employée aux Etats-Unis par la radio publique américaine Voice of America (VOA), sont également mentionnées.
Un mémo accompagné de la liste des personnes visées par l'interdiction de voyager a été envoyé à tous les postes frontières du pays.
Cette mesure survient quatre mois après le vote d'un amendement à l'article 22 de la Constitution, autorisant le gouvernement à retirer le passeport d'un citoyen « lorsqu'il est à craindre que le Zimbabwéen en question, pendant son voyage, portera atteinte à l'intérêt national, aux intérêts de la défense ou de l'économie de l'Etat ».
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9.12.2005 - Le passeport d'un patron de presse confisqué par le gouvernement
Reporters sans frontières s'indigne de la saisie par les autorités zimbabwéennes du passeport de Trevor Ncube et demande sa restitution immédiate. Patron de presse installé en Afrique du Sud, il s'est vu confisquer son passeport à sa sortie de l'aéroport de Bulawayo alors qu'il rendait visite à sa famille.
« Le harcèlement envers les journalistes prend décidément toutes les formes au Zimbabwe, a déclaré Reporters sans frontières. L'utilisation de telles méthodes liberticides témoigne une fois de plus de la volonté du pouvoir d'en finir avec la liberté d'opinion au Zimbabwe »
Trevor Ncube possède au Zimbabwe deux hebdomadaires, The Standard et The Zimbabwe Independent. Il a également racheté en 2002 la majorité des parts du Mail & Guardian, hebdomadaire sud-africain qui appartenait auparavant au quotidien britannique The Guardian. Ces trois publications sont très critiques à l'égard du président Robert Mugabe.
Venu pour assister au mariage de son frère au Zimbabwe, Trevor Ncube s'est vu confisquer son passeport par deux fonctionnaires de la police secrète du pays (Central Intelligence Organisation) alors qu'il avait déjà quitté l'aéroport et s'apprêtait à se rendre dans le centre-ville de Bulawayo. Il n'a pas été arrêté, mais la confiscation de son passeport l'empêche de quitter le pays. Il est la première victime d'une nouvelle disposition constitutionnelle qui autorise, depuis août, les autorités zimbabwéennes à confisquer le passeport de n'importe quel citoyen du pays.