Le gouvernement de l'État de Chihuahua rejette une recommandation de la CNDH après l'agression de trois journalistes
Reporters sans frontières regrette profondément le rejet d'une recommandation de la Commission nationale des droits de l'homme (CNDH) par le gouvernement de l'État de Chihuahua, suite à l'agression de trois journalistes impliquant des policiers. L'organisation a écrit au gouverneur.
Gouverneur de l'État de Chihuahua Monsieur le Gouverneur, Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de la presse, déplore profondément la fin de non-recevoir que vous avez opposée, le 24 septembre 2007, à une recommandation de la Commission nationale des droits de l'homme (CNDH) qui faisait suite à l'agression de trois journalistes, impliquant des policiers de l'Agence d'investigation de l'État de Chihuahua (Agencia Estatal de Investigación). Le 5 septembre 2006 à Ciudad Juárez, Jaime Murrieta Briones, photographe du journal El Diario, Eugenia Cícero Rivera et Aurelio Suárez Núñez, journalistes du quotidien PM, ont surpris des fonctionnaires de police en train de boire de l'alcool sur la voie publique en compagnie d'un groupe d'habitants. Les fonctionnaires, craignant d'être pris en photo, ont violemment réagi en agressant les journalistes et en détruisant leurs appareils. Ils ont également ouvert le feu sur leurs véhicules. Dans sa résolution 33/2007 du 28 août 2007, la CNDH vous a recommandé de déterminer les manquements dans l'enquête de vos services sur cette affaire, et d'accorder réparation à Jaime Murrieta Briones, Eugenia Cícero Rivera et Aurelio Suárez Núñez pour les dommages subis. La CNDH vous demandait également de veiller au respect de la liberté de la presse par les forces de l'ordre. Les instances disciplinaires internes à votre administration n'ont imputé aux policiers que le tort de n'avoir pas empêché l'agression contre les journalistes, malgré l'abondance des témoignages certifiant que les fonctionnaires étaient parmi les agresseurs. Votre gouvernement ne saurait cautionner, fût-ce implicitement, des faits de violence et d'abus de pouvoir en entérinant une situation d'impunité. Il est de votre devoir de garantir la liberté de la presse dans votre État et de donner l'exemple en sanctionnant les policiers impliqués. Dans l'attente de votre réponse, je vous prie d'agréer, Monsieur le gouverneur, l'expression de ma parfaite considération. Robert Ménard
Secrétaire général