Le fils du maire de Podgorica reconnu coupable pour l'agression de deux journalistes
Organisation :
La cour de Podgorica (capiale) a condamné, le 23 juillet 2012, Miljan Mugosa à six mois de prison avec sursis pour l’agression, en 2009, du rédacteur en chef du quotidien Vijesti, Mihailo Jovovic et du photographe Boris Pejovic.
“Nous déplorons cette première décision du tribunal qui nous apparaît en l’état plus que clémente au regard de la brutalité de l’agression commise par Miljan Mugosa, et des fonctions qu’il occupait au moment des faits. Nous attendons un jugement exemplaire qui rendra justice aux deux journalistes. Nous resterons très attentifs au déroulement de la prochaine audience”, a déclaré Reporters sans frontières.
Après trois ans de procédure judiciaire, la cour de Podgorica s’est prononcée lundi, en première instance. Le 5 août 2009, Miljan Mugosa, actuellement employé au ministère des Affaires Etrangères et fils du maire de la ville, avait agressé les deux journalistes (voir CP ci-dessous). Ce dernier avait frappé le photographe Boris Pejovic au visage et avait perforé le tympan de Mihailo Jovovic, qui avait dû être opéré.
Le maire de la ville, Miomir Mugosa, qui était présent lors de l’incident, a été interrogé comme témoin lors du procès, alors même que les deux journalistes le tenaient responsable de l’attaque.
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Deux journalistes agressés par le maire de Podogorica et son entourage
7 août 2009
Reporters sans frontières proteste contre l’agression, le 5 août 2009, de Mihailo Jovovic, rédacteur en chef du quotidien Vijesti, et du photographe Boris Pejovic, par le maire de Podogorica, Miomir Mugosa, son fils Miljan et un des ses gardes du corps. L’incident s’est déroulé alors que Boris Pejovic prenait des photos du maire montant dans une voiture mal stationnée devant un café appartenant à son fils. Ce dernier, accompagné par son père et par son garde du corps, a frappé le photographe, le blessant au visage. Le rédacteur en chef de Vijesti, Mihailo Jovovic, a également été pris à parti et battu alors qu’il tentait d’empêcher le maire de frapper son collègue. Il souffre de plusieurs contusions et d’une plaie à l’oreille.
« Nous sommes surpris par la brutalité de ces comportements incompatibles avec une charge officielle. En agissant ainsi, Miomir Mugosa laisse à penser que la violence à l’encontre de la presse est légitime. Si, comme il le prétend, le maire s’est senti suivi ou menacé, il aurait pu en avertir les services de police qui seraient intervenus et qui auraient pu rassurer le maire sur l’identité des deux journalistes », a déclaré Reporters sans frontières.
« En tant que maire, Miomir Mugosa est une personnalité officielle, et les journalistes doivent être assurés de pouvoir suivre ses déplacements lorsqu’ils s’effectuent sur la voie publique, sans s’exposer à une quelconque forme de violence », a poursuivi l’organisation.
« Nous saluons l’ouverture d'une enquête à l’encontre du fils de Monsieur Mugova, mais espérons que la police mènera également les investigations nécessaires pour établir les responsabilités du maire », a conclu l’organisation.
Dans un communiqué publié le 6 août 2009, Miomir Mugosa a nié s’être attaqué volontairement aux deux journalistes, arguant s'être senti suivi par deux inconnus qui se cachaient dans des buissons et s’estimer en droit de se défendre lorsque qu’il se sentait attaqué. Il a également ajouté qu’il assumerait les conséquences de son acte si sa responsabilité devait être engagée.
Publié le
Updated on
20.01.2016