Le domicile des parents d’un journaliste attaqué et sa famille violemment agressée

Les autorités azerbaidjaniases utilisent parfois des techniques de censure et d’intimidation aussi surprenantes que brutales. Le 9 septembre 2011, les services de sécurité de la Binagadi Oil Company, entreprise pétrolière appartenant au gouvernement, ont attaqué à la pelleteuse la maison de la famille du journaliste Idrak Abbasov, située dans la banlieue de Bakou, sous prétexte qu’elle avait été construite illégalement. “Il s’agit d’une action punitive. Cette attaque vise clairement à faire taire Idrak Abbasov, dont le travail d’investigation dérange la Binagadi Oil Compagny. Elle jette une lumière crue sur les pratiques d’intimidation mises en oeuvre pour réduire au silence les journalistes en Azerbaïdjan. En plus de menacer et d’agresser directement les professionnels de la presse, les autorités n’hésitent pas à s’en prendre à leurs proches”, a déclaré Reporters sans frontières. Journaliste pour l’Institute of Reporters Freedom and Safety, Idrak Abbasov enquêtait sur les activités illégales de la Binagadi Oil Compagny, une branche de la State Oil Compagny of Azerbaijan, responsable de la destruction d’habitations dans la région de Bakou à des fins d’exploitation pétrolière. Les maisons construites il y a 20 ans dans cette municipalité sont rasées, les habitants indemnisés ou relogés. Durant des mois, des représentants de la compagnie avaient menacé le père et le frère du journaliste de faire subir à leur maison le même traitement si ce dernier n’arrêtait pas ses recherches. Le 9 septembre 2011 vers 11 heures (heure locale), à Sulutepe près de Bakou, un groupe d’hommes vêtus de noir a fait irruption au domicile que les parents d’Idrak Abbasov habitent depuis 25 ans, sous prétexte qu’elle avait été “construite illégalement”. Les parents du journaliste, ses frères et leurs enfants ont été violemment roués de coups à l’aide de matraques. Transférés à l’hôpital, le père du journaliste est actuellement dans le coma, et sa mère ainsi que son frère ont été placés en soins intensifs pour traumatisme crânien. Aucune notification d’expulsion n’avait été transmise à la famille pour qu’elle quitte la maison. Cet épisode sinistre rappelle le cas de Leyla Yunus, activiste des droits de l’homme et fondatrice de l’Institut pour la paix et la démocratie, dont les locaux avaient été rasés au bulldozer le 11 août 2011, sous prétexte qu’il se trouvait à l’endroit précis où un parc serait construit en hommage à l’ancien président Heydar Aliyev, père défunt de l’actuel président Ilham Aliyev.
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Updated on 20.01.2016