Le directeur d'un journal harcelé par un gouverneur adjoint en lutte pour la conquête du pouvoir

Reporters sans frontières demande à la justice de l'Etat nigérian de Bayelsa (Sud) de ne pas se rendre complice du harcèlement d'Alfred Egbegi, directeur de l'hebdomadaire privé Izon Link, organisé par le gouverneur adjoint de la province, en lutte pour la conquête du pouvoir, et d'acquitter le journaliste dans le procès que lui a intenté l'homme politique. “Les poursuites engagées contre ce journaliste n'ont d'autre objectif que de masquer une information qui dérange et d'intimider la presse locale. Nous demandons aux juges de reconnaître le caractère purement politique de ce procès et d'acquitter le directeur d'Izon Link. La justice ne doit pas devenir l'instrument des ambitions personnelles d'un homme politique”, a déclaré Reporters sans frontières. Alfred Egbegi, directeur de l'hebdomadaire privé Izon Link, paraissant à Yenagoa, capitale de l'Etat de Bayelsa, dans le delta du Niger, doit comparaître en justice le 20 avril 2006 pour répondre de huit chefs d'accusation de “trouble à l'ordre public” (“breach of the peace of the state”), après la publication d'un article relatant les luttes de pouvoir entre le gouverneur et son adjoint. Poursuivi par Peremobowei Ebebi, gouverneur adjoint de l'Etat, il avait été arrêté par la brigade criminelle, le 12 avril à 12 heures 45, en compagnie d'Esther Bekeowei, l'une des secrétaires de son journal, sur les indications de son imprimeur, Olatubosun Isaac, interpellé une heure plus tôt. Maintenu en détention et interrogé pendant six heures, Alfred Egbegi a été relâché en fin de journée grâce à l'intervention du sénateur et ancien secrétaire du gouvernorat, Felix Oboro. Lors de sa première comparution, il a plaidé non coupable. Le gouverneur adjoint a porté plainte suite à la publication, dans l'édition d'Izon Link parue le 10 avril, d'un article intitulé “Ebebi accuse : Jonathan me poignarde” (“Ebebi cries out : Jonathan is stabbing me”), dans lequel le journaliste relatait les luttes intestines entre le gouverneur de l'Etat, Goodluck Jonathan, et son adjoint, Peremobowei Ebebi. Les deux hommes seraient entrés en conflit sur la question de savoir qui devait prétendre au poste de gouverneur lors des élections générales prévues en 2007. Peremobowei Ebebi, qui ne cache pas ses ambitions politiques, s'est montré très irritable envers les journalistes, dès que l'un d'eux a fait état des dissensions qui l'opposent à son supérieur. Le 12 avril, Alfred Egbegi avait organisé une conférence de presse au cours de laquelle il avait informé ses confrères de plusieurs appels téléphoniques anonymes le menaçant de mort, reçus depuis la parution de son journal, la veille. Le 13 avril, Peremobowei Ebebi avait publiquement menacé de “frapper” le correspondant du quotidien privé The Punch à Yenagoa, Bisi Olaniyi, accusé de publier des “articles antigouvernementaux” (“anti-government stories”).
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Updated on 20.01.2016