Reporters sans frontières est très préoccupée par la violente attaque du directeur de publication du bimensuel d'opposition Umuco, Bonaventure Bizumuremyi, à son domicile de Kigali, dans la nuit du 14 au 15 janvier 2006. "Dans ces conditions, comment le gouvernement peut-il encore s'étonner que nous dénoncions le climat malsain dans lequel travaillent les journalistes indépendants ?", a déclaré l'organisation.
Reporters sans frontières est très préoccupée par la violente attaque du directeur de publication du bimensuel d'opposition Umuco, Bonaventure Bizumuremyi, à son domicile de Kigali, dans la nuit du 14 au 15 janvier 2006.
« Cette nouvelle attaque contre l'une des rares publications encore critiques du pouvoir est d'autant plus préoccupante que, cette fois, son directeur a été visé physiquement, a déclaré Reporters sans frontières. Dans ces conditions, comment le gouvernement peut-il encore s'étonner que nous dénoncions le climat malsain dans lequel travaillent les journalistes indépendants ? Pour dissiper les soupçons qui pèsent sur la police, nous l'appelons à éclaircir les circonstances de cette grave agression et à prendre des mesures pour en punir les auteurs. Nous le jugerons alors aux résultats obtenus. »
Bonaventure Bizumuremyi a été réveillé, le 15 janvier à 3 heures du matin, par quatre hommes armés de gourdins et de couteaux. Ils ont frappé à la porte de son domicile, situé dans un quartier populaire de Kigali. Une fois entrés, ils ont mis sa maison à sac et ont proféré des menaces à son encontre, le sommant de cesser de publier des articles défavorables au Front patriotique rwandais (FPR, au pouvoir). Après l'intervention de voisins, les quatre hommes ont calmement quitté le domicile du journaliste. « Ce qui nous a étonnés, c'est que ces hommes ne semblaient pas inquiets lors de notre intervention, a déclaré un témoin de l'agression. Ils ont quitté l'enclos calmement, sans courir. » La veille de cette violente intrusion chez lui, Bonaventure Bizumuremyi avait été suivi par un véhicule de police jusqu'à son domicile. Il a également reçu des menaces par téléphone.
Dans la dernière édition d'Umuco, Bonaventure Bizumuremyi avait dénoncé le manque de séparation des pouvoirs au Rwanda et critiqué le FPR, lui reprochant d'être incapable de diriger le pays. Son journal est habitué aux démêlés avec le pouvoir. L'une de ses éditions précédentes, qualifiant de « dictateur » le président Paul Kagame, avait été saisie par la police à la frontière ougandaise, le 19 septembre 2005, pour « diffamation » et « atteinte à la sûreté de l'Etat ».
L'un de ses journalistes, Jean-Léonard Rugambage, injustement accusé de génocide, est toujours incarcéré à la prison de Gitarama, en attente de son procès, depuis septembre 2005. Il avait été arrêté 10 jours après la publication d'un numéro de Umuco dans lequel il avait dénoncé la corruption de certains juges des gacaca du district de Ruyumba et l'utilisation des tribunaux populaires pour régler des comptes personnels. Le 23 novembre, il a été condamné à un an de prison pour « outrage à la cour » après avoir mis en doute l'impartialité du président du tribunal chargé de le juger.