Le directeur du bureau d'Al-Jazira, poursuivi pour “publication de fausses nouvelles” et privé d'accréditation, comparaîtra le 1er juillet : un “acharnement” selon Reporters sans frontières
Reporters sans frontières juge excessive la procédure engagée contre Hassan Rachidi, directeur du bureau de la chaîne qatarie Al-Jazira à Rabat. Sans attendre la comparution du journaliste devant un tribunal, le ministère de la Communication lui a aussitôt retiré son accréditation.
Reporters sans frontières juge excessive la procédure engagée, le 13 juin 2008 contre Hassan Rachidi, le directeur du bureau de la chaîne qatarie Al-Jazira à Rabat, pour “diffusion de fausses nouvelles” malgré la publication par son média d'un rectificatif. Sans attendre la comparution du journaliste devant un tribunal, prévue le 1er juillet prochain, le ministère de la Communication lui a aussitôt retiré son accréditation.
“Le maintien des poursuites contre Hassan Rachidi pour ‘diffusion de fausses nouvelles' ne rime à rien dès lors que le média qu'il représente a reconnu de fait son erreur en publiant un démenti officiel à des informations apparemment fausses. Pire, la justice ne s'est même pas prononcée que le ministère de la Communication, en privant Hassan Rachidi de l'accréditation nécessaire à l'exercice de sa profession, le sanctionne comme un coupable. Cette attitude relève de l'acharnement et traduit une hostilité réelle des autorités envers Al-Jazira et sa rédaction marocaine. Pour quelles raisons ? Nous espérons les connaître si le procès d'Hassan Rachidi est maintenu. Nous demandons, dans l'immédiat, que son accréditation soit rétablie”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 13 juin, Hassan Rachidi et Ibrahim Sebaa El Layl, un représentant du Comité marocain des droits humains (CMDH), se sont vus notifier leur inculpation pour “diffusion de fausses nouvelles et complicité”, en vertu de l'article 42 du code de la presse. Les deux hommes sont accusés d'avoir signalé que plusieurs personnes avaient trouvé la mort lors d'affrontements entre des chômeurs et les forces de l'ordre, survenus à partir du 9 juin à Sidi Ifni (Sud). L'information avait été reprise par Al-Jazira à partir d'un communiqué du CMDH.
Les autorités ont démenti cette version des faits, dressant un bilan de 48 blessés, dont 28 policiers, et 188 interpellations. La chaîne Al-Jazira a répercuté ces chiffres officiels sur un bandeau posté à l'écran. Malgré cette rectification, Hassan Rachidi est soupçonné par le ministère de la Communication d'avoir “persisté à prendre pour vraie cette fausse allégation”, malgré le démenti des autorités. Le directeur du bureau marocain, contacté par Reporters sans frontières, a confirmé que le ministère lui avait retiré son accréditation une demi-heure après la notification de son inculpation. Le procès du journaliste a été fixé au 1er juillet.
Les relations entre Al-Jazira et le gouvernement marocain connaissent un net refroidissement. En mai dernier, les bureaux de la chaîne qatarie à Rabat ont dû cesser d'émettre un programme d'informations à destination du Maghreb.