Le directeur du bimensuel Umuvugizi condamné à de lourdes amendes

Le 13 novembre 2009, le tribunal de Kagarama, à Kigali, a reconnu Jean Bosco Gasasira coupable de "diffamation et d'immixtion dans la vie privée", mais l'a acquitté du chef d'accusation d'injures. Le journaliste échappe à une peine de plus de deux ans de prison ferme requise contre lui. Son journal n'est pas contraint de fermer. Le directeur de publication du bimensuel Umuvugizi a été condamné à payer la somme de 10 000 francs rwandais (20 dollars) pour "diffamation", ainsi qu'un million de francs rwandais (environ 2000 dollars) pour "immixtion dans la vie privée". En outre, il devra verser un million de francs rwandais au titre des dommages et intérêts à chacun des deux plaignants (soit près de 4000 dollars), et enfin 400 000 francs rwandais afin de rembourser les frais juridiques. Au total, Jean Bosco Gasasira doit verser la somme de 6000 dollars. --------------------------------------------------------------------------------- 10.11.2009 - Plus de deux ans de détention requis contre un journaliste Reporters sans frontières est indignée par la demande du parquet de Kagarama de fermer définitivement le bimensuel Umuvugizi et de condamner son directeur de publication, Jean Bosco Gasasira, à une peine de prison ferme pour "diffamation". L'organisation demande au juge, qui doit se prononcer sur cette affaire le 13 novembre prochain, d'aller à l'encontre de cette décision. "Sous couvert d'un différend opposant un journaliste à un magistrat, l'affaire Jean Bosco Gasasira permet en fait aux autorités rwandaises de s'en prendre à un journal qui se trouve dans leur collimateur et de réduire encore un peu plus le pluralisme de la presse. Nous demandons au tribunal de Kagarama de faire preuve de sagesse et de clairvoyance. Au Rwanda comme ailleurs, nous estimons que l'emprisonnement et la fermeture définitive d'un journal sont des sanctions disproportionnées et inefficaces dans les cas de diffamation", a déclaré l'organisation. Le 26 octobre 2009, par la voix du juge Silas Nsengiyumva, le tribunal de base de Kagarama, à Kigali, a demandé que Jean Bosco Gasasira, directeur de publication du bimensuel indépendant Umuvugizi, soit condamné à deux ans et deux mois de prison ferme. Le tribunal a également demandé la fermeture définitive du journal. Le journaliste est jugé pour "diffamation, injures et immixtion dans la vie privée par voie de presse", suite à une plainte déposée par le procureur de Kigali, Jean Bosco Mutangana, et le docteur Diane Gashumba, présidente du Conseil national des femmes. Les deux plaignants demandent le paiement de 110 millions de francs rwandais (environ 200 000 dollars), au titre de "réparation". Dans un article paru dans Umuvugizi, Jean Bosco Gasasira avait évoqué l'existence d'une relation extraconjugale entre le procureur de Kigali et la présidente du Conseil national des femmes. Dans une lettre, dont Reporters sans frontières a obtenu une copie, adressée à la présidente de la Cour suprême de Kigali, l'avocat de Jean Bosco Gasasira écrit que "le tribunal ne permet pas au prévenu d'apporter la preuve de la véracité du fait prétendument diffamatoire". Puis il ajoute : "le tribunal s'apprête à entrer en voie de condamnation contre Gasasira, pour faire jurisprudence et prévenir les autres journalistes de ne pas s'aventurer dans de semblables dénonciations à l'avenir." Après l'emprisonnement des journalistes Asumani Niyonambaza et Amani Ntakundi, et les suspensions temporaires de l'hebdomadaire indépendant Umuseso et des programmes en kinyarwanda de la British Broadcasting Corporation (BBC), l'étau se resserre sur les médias au Rwanda à l'approche de l'élection présidentielle de 2010.
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Updated on 20.01.2016