Le directeur de Radio Shabelle échappe à une tentative d'assassinat, trois journalistes arrêtés en province
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Reporters sans frontières est révoltée par la tentative d'assassinat dont a été victime, le 24 septembre 2007, Jafar Mohammed "Kukay", directeur en exercice de la station privée Radio Shabelle, nouvelle victime d'une vague de crimes politiques dont l'objectif pourrait être de démontrer que le gouvernement fédéral de transition est incapable d'assurer la sécurité dans la capitale somalienne.
D'autre part, l'organisation proteste contre le comportement des autorités fédérales et locales, qui ne prennent aucune mesure de protection envers la presse indépendante et les membres éminents de la société civile, cibles potentielles de cette vague d'assassinats, et continuent de procéder à des arrestations arbitraires de journalistes. Trois d'entre eux ont été arrêtés récemment dans les provinces du Puntland et de Hiran.
"Pris entre le feu croisé des assassinats ciblés et des arrestations arbitraires, les journalistes somaliens ont atteint un seuil critique, mettant en péril l'existence même d'une presse indépendante sur le territoire. Dans ces conditions, l'inaction du gouvernement fédéral de transition est incompréhensible", a déclaré l'organisation.
Le 24 septembre, un inconnu a sorti un pistolet qu'il cachait sous sa chemise et a tiré deux balles en direction de Jafar Mohammed "Kukay", directeur en exercice de Radio Shabelle. Le journaliste n'a pas été touché et l'agresseur est parvenu à prendre la fuite. La radio n'émet plus depuis une dizaine de jours, après qu'une unité mixte de la police et des services de renseignements a ouvert le feu contre l'immeuble qui abrite ses studios, dans le centre-ville de Mogadiscio. Les forces de sécurité suspectaient le bâtiment d'avoir servi à une attaque à la grenade contre une patrouille. Depuis, le gouvernement fédéral de transition a qualifié cette attaque d'"accident" et le personnel de la station se cache ou cherche à quitter le pays pour se mettre en sécurité.
En comptant le directeur de Radio Shabelle, depuis janvier 2007, quatre journalistes ont été victimes d'attentats ciblés dans la capitale, dont deux ont trouvé la mort. A titre d'exemple, treize "commissaires de districts" ou leurs adjoints, sur les seize que compte Mogadiscio, ont été assassinés dans des circonstances similaires. Le dernier a été abattu par des inconnus, le 25 septembre dans la soirée.
Cette série criminelle pourrait être l'œuvre des insurgés islamistes qui combattent les autorités de transition, soutenues par l'Ethiopie et la communauté internationale, au pouvoir à Mogadiscio depuis décembre 2006. Première victime de ce type d'attentat visant à démontrer que les autorités sont incapables d'assurer la sécurité dans la capitale, Kate Peyton, productrice de la chaîne publique britannique British Broadcasting Corporation (BBC), avait été assassinée par les hommes armés obéissant à un clan de la ville contrôlant alors une cour islamique, le 9 février 2005.
Par ailleurs, le gouvernement fédéral de transition et les autorités locales qui lui sont fidèles continuent de procéder à l'arrestation de journalistes qui les dérangent. Ainsi, Libaan Gahnug et Faysal Jama, journalistes indépendants, ont été arrêtés le 25 septembre par les forces de sécurité du Puntland (Nord-Est), après avoir pris des photographies des combats opposant les forces de cette région semi-autonome et l'armée de l'Etat autoproclamé du Somaliland (Nord), dans la ville disputée de Las Anod. Libaan Gahnug a été relâché le même jour, mais son confrère est toujours en détention.
Hussein Hassan Dhaqane, journaliste de la station privée Radio Darban, a été pour sa part arrêté pour des raisons encore inconnues, dans la soirée du 23 septembre, à Beledweyne, dans la région de Hiran (Sud, 100 km au nord de Baïdoa). Il est toujours en détention dans les locaux de la police régionale.
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Updated on
20.01.2016