Le 26 juillet, la juge d'instruction Seynabou Ndiaye Diakhaté a donné un avis favorable à la demande de mise en liberté provisoire de Madiambal Diagne, directeur de publication du Quotidien, poursuivi pour "diffusion de nouvelles de nature à provoquer des troubles politiques graves et jeter le discrédit sur les institutions".
Le 26 juillet, la juge d'instruction Seynabou Ndiaye Diakhaté a donné un avis favorable à la demande de mise en liberté provisoire de Madiambal Diagne, directeur de publication du Quotidien, en prison depuis le 8 juillet.
Cette décision a été prise dans un contexte de mobilisation générale en faveur du journaliste, ayant connu son apogée, le 23 juillet, avec l'organisation d'une marche de soutien à Dakar réunissant environ 2000 personnes.
M. Diagne, poursuivi pour "diffusion de nouvelles de nature à provoquer des troubles politiques graves et jeter le discrédit sur les institutions", conformément à l'article 80 du code pénal, est donc libre dans l'attente de son procès.
Le président sénégalais, Abdoulaye Wade, s'est déclaré, lors de son passage à Paris le 23 juillet, favorable à la suppression de cet article 80 du code pénal, unanimement dénoncé comme portant atteinte à la liberté d'expression. Ce texte, qui punit de trois à cinq ans de prison les auteurs de manoeuvres ou d'actes qui compromettent la sécurité publique, discréditent les institutions ou enfreignent les lois du Sénégal, est peu précis et peut être aisément invoqué contre tout journaliste critique à l'égard du gouvernement. Il prévoit notamment que "sur réquisition écrite du procureur de la république, le juge d'instruction est tenu de délivrer un mandat de dépot".
Le parlement sénégalais devrait donc bientôt se prononcer sur cette question.
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23.07.2004Le directeur du Quotidien toujours en détention
Le directeur de publication du Quotidien, Madiambal Diagne, en détention depuis près de quinze jours, a été auditionné pendant près de trois heures par un juge d'instruction, à Dakar, le 23 juillet au matin. Accusé de "diffusion de fausses nouvelles", il est retourné en prison suite à cette audition, sans qu'ait été statué sur la demande de mise en liberté provisoire présentée par ses avocats. Reporters sans frontières condamne le maintien en détention du journaliste.
Selon ses avocats, cités par l'Agence France-Presse, le juge devra se prononcer sur la demande de mise en liberté provisoire dans un délai de cinq jours. En cas de réponse favorable, le journaliste pourrait être relâché ce vendredi ou en début de semaine suivante.
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16.07.04Le directeur du Quotidien condamné à un mois de prison avec sursis et 800 euros de dommages et intérêts pour diffamation
Le 15 juillet, le tribunal de Dakar a condamné Madiambal Diagne, le directeur de publication du Quotidien et son rédacteur en chef, Mamadou Biaye, à un mois de prison avec sursis et 800 euros de dommages et intérêts pour diffamation à l'égard de Boubacar Camara, ancien directeur des douanes sénégalaises. Celui-ci avait réclamé 800 000 eurosen réparation. La webmaster qui avait mis le journal en ligne, également poursuivie, a été rélaxée.
Dans un article intitulé "Inculpation pour corruption : le nouveau rapport qui enfonce Boubacar Camara", Le Quotidien avait relaté une affaire de fraude et mettait en cause de hauts responsables des douanes. Le Quotidien avait notamment publié une correspondance du ministre des Finances, Abdoulaye Diop, adressée au chef de l'Etat, Abdoulaye Wade, qui citait le nom de Boubacar Camara.
Madiambal Diagne reste en prison car il est également poursuivi pour "diffusion de nouvelles de nature à provoquer des troubles politiques graves et à jeter le discrédit sur les institutions". Cette affaire trouve son origine dans un autre article, publié le 1er juillet, "Magistrature, ces bons juges que Wade ne veut pas". Cet article abordait la question des mutations de magistrats, analysée par certains comme une sanction contre des juges trop indépendants.
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12 juillet 2004Le directeur de publication du Quotidien interpellé et placé sous mandat de dépôt
Le 8 juillet, Madiambal Diagne, directeur de publication du Quotidien s'est présenté à la gendarmerie sur requête du procureur général Lansana Diabé. Il a été interrogé sur différents articles parus dans son journal. Le lendemain, après avoir été reconvoqué, il a été déféré au parquet et présenté devant le juge d'instruction du tribunal de Dakar, Seynabou Ndiaye Diakhaté, qui l'a placé sous mandat de dépôt après lui avoir notifié ses trois chefs d'inculpation : publication de lettre confidentielle (du ministre des Finances au président de la République); diffusion de fausses nouvelles; diffusion de nouvelles de nature à provoquer des troubles politiques graves et à jeter le discrédit sur les institutions.
"Cette incarcération est une nouvelle preuve du durcissement de l'Etat à l'égard de la presse sénégalaise. Auparavant, les autorités s'étaient contentés de multiplier les communiqués, les mises en garde ou les intimidations sans prendre de mesures concrètes. Depuis quelques mois, le gouvernement d'Abdoulaye Wade a recours à la justice, par l'entremise de textes peu précis, pour neutraliser des journalistes. Cette affaire en est un nouvel exemple", a déclaré Reporters sans frontières.
Le procureur a fondé ses accusations sur la base de deux articles parus dans le Quotidien. Le premier, intitulé "Inculpation pour corruption : le nouveau rapport qui enfonce Boubacar Camara" relatait une affaire de fraude douanière, mettant en cause de hauts responsables des douanes sénégalaises. Le second, paru dans l'édition du 1er juillet, "Magistrature, ces bons juges que Wade ne veut pas", faisait état des vives contestations de la magistrature face à des mutations perçues comme des sanctions prises contre des juges un peu trop critiques.
Cette interpellation a suscité une vague de solidarité des autres médias privés du pays pleinement conscients de l'aggravation de leurs conditions de travail. Après avoir soutenu Madiambal Diagne toute la journée du 9 juillet en manifestant devant les portes du tribunal, ils ont décidé la publication d'un éditorial commun, dans l'édition du 10 juillet, intitulé "Tous contre le monstre". Les patrons de presse se sont réunis le même jour dans les locaux du Quotidien pour décider d'un plan d'action commun, prévoyant notamment une "journée sans presse" le 12 juillet et le boycott de toutes les activités du gouvernement, des partis politiques et mouvements affiliés à la mouvance présidentielle.
Depuis le début de l'année 2004, trois journalistes, Malick Diaw et El Hadji Hamidou Kassé du quotidien Le Soleil, et Amadou Ly Diome de Info 7, ont été condamnés à des peines de prison avec sursis pour des affaires de diffamation.
Récemment, Le Haut Conseil de l'audiovisuel (HCA) a fustigé la décision unilatérale de la Radio Télévision sénégalaise (RTS), organe public, de suspendre "Pluriel" et "Opinion", deux émissions qui permettaient à toutes les sensibilités politiques de s'exprimer. D'une façon générale, il est reproché à la RTS de donner trop de place au parti au pouvoir au détriment del'opposition.