Le directeur de publication de Kalima devant les tribunaux

Le directeur de publication du journal en ligne Kalima, Omar Mestiri, doit comparaitre le 2 août 2007 devant le tribunal correctionnel de première instance de Tunis, suite à une plainte pour "diffamation" déposée par Mohammed Baccar, un avocat proche du pouvoir. "La plainté formulée contre Omar Mestiri est sans fondement puisque l'accès à l'article incriminé est impossible en Tunisie, le site du journal Kalima étant filtré par les autorités. Cependant, la condamnation de Mohammed Abbou, en avril 2005, à un an et demi de prison, pour un article publié sur le site Tunisnews, a prouvé qu'une telle plainte pouvait entraîner une lourde peine. Ce qui nous incite à prendre cette affaire très au sérieux", a déclaré Reporters sans frontières. Omar Mestiri est poursuivi, en vertu des articles 42, 50, 51, 53, 72 et 78 du code de la presse, pour la publication d'un texte, le 5 septembre 2006, dans lequel il s'étonnait de la réhabilitation de Mohammed Baccar, un avocat radié du Conseil de l'ordre en 2003, après avoir été condamné à plusieurs reprises pour "faux et escroquerie". Le journaliste a été convoqué par le substitut du procureur de la République, le 29 mars 2007, pour être interrogé sur la source qui l'avait informé de cette réhabilitation. La véracité des faits n'a pas été contestée. Joint par Reporters sans frontières, Omar Mestiri a dénoncé le "caractère exceptionnel" de son procès maintenu malgré la fermeture estivale des tribunaux. Le journaliste a précisé qu'il encourrait six mois de prison. Ce n'est pas la première fois que les journalistes du magazine Kalima font l'objet de poursuites judiciaires et de tentatives d'intimidation. Le 28 février 2004, la cour d'appel de Tunis avait confirmé la condamnation en première instance de la journaliste Om Zied, de son vrai nom Néziha Réjiba, à huit mois de prison avec sursis et à une amende de 1 200 dinars tunisiens (environ 800 euros), pour infraction à la législation du change et du code de la douane. Ses avocats avaient alors dénoncé le caractère politique du procès, auquel ils avaient refusé de participer. En mai 2007, l'accès aux locaux du magazine ainsi qu'à ceux du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT) avait été bloqué pendant près de six semaines par un important dispositif d'agents de police. Le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, est considéré par Reporters sans frontières comme l'un des 34 prédateurs de la liberté de la presse dans le monde. En outre, la politique du régime envers la circulation de l'information sur Internet est l'une de plus liberticides de la planète, ce qui lui vaut d'être classé parmi "les ennemis d'Internet" par l'organisation, aux côtés de douze autres pays tels que le Belarus ou le Corée du Nord.
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Updated on 20.01.2016