Le cyberdissident Habib Saleh est victime d'un acharnement judiciaire

Reporters sans frontières dénonce les conditions dans lesquelles se déroulent le procès du cyberdissident Habib Saleh, accusé de “diffusion de fausses informations”, d'“incitation à la guerre civile” et d'“atteinte au président de la République”, arrêté pour avoir publié des articles politiques appelant à l'instauration de la démocratie en Syrie.

Reporters sans frontières dénonce les conditions dans lesquelles se déroulent le procès du cyberdissident Habib Saleh, accusé de “diffusion de fausses informations”, d'“incitation à la guerre civile” et d'“atteinte au président de la République”, arrêté pour avoir publié des articles politiques appelant à l'instauration de la démocratie en Syrie. La première audience publique de son procès a eu lieu le 1er décembre 2008 devant la deuxième chambre de la cour d'assises de Damas. Reporters sans frontières réitère sa demande de libération. “Le déroulement de ce procès est inacceptable. Les dates des audiences sont fixées de manière expéditive et la date du verdict n'est toujours pas connue. Habib Saleh a déjà passé plus de trois ans en prison. Depuis le début du mandat présidentiel de Bachar el-Assad, c'est la troisième fois qu'il est jugé pour s'être exprimé sur Internet. L'acharnement judiciaire dont il est victime est flagrant et nous exhortons les autorités à cesser ces mesures d'intimidation à l'encontre des militants des droits de l'homme”, a déclaré l'organisation. A l'exception de sa fille, personne n'a été autorisé à assister à l'audience pourtant publique du 1er décembre, qui a débuté sans la présence des avocats de l'accusé. Habib Saleh, 61 ans, est un collaborateur régulier du site Internet Elaph.com (http://www.elaph.com), censuré en Syrie en raison de son traitement de l'information. Les autorités ont ordonné son arrestation le 7 mai et l'accusent de “diffusion de fausses informations suceptibles d'affaiblir le sentiment national et de provoquer des dissensions confessionnelles et raciales” en vertu de l'article 285 du code pénal. Elles l'accusent également d'“incitation à la guerre civile et confessionnelle” en vertu de l'article 298 et d'“atteinte au président de la République” en vertu des articles 374 et 277 du code pénal. La prochaine audience aura lieu le 20 janvier 2009. Depuis sa première audition devant la justice, à huis clos, le 11 novembre, il nie les faits qui lui sont reprochés. Le cyberdissident risque de trois à quinze ans de prison ainsi qu'une peine de travaux forcés à perpétuité. En 2002, Habib Saleh avait été condamné à trois ans de prison lors du “Printemps de Damas“. Il avait été libéré le 9 septembre 2004. Le 15 août 2006, il avait à nouveau été condamné à trois ans de prison en vertu de l'article 286 du code pénal pour “publication de fausses informations“. Il avait été libéré le 12 septembre 2007. La Syrie est le pays du monde arabe le plus répressif envers les individus qui publient des informations sur Internet. Reporters sans frontières rappelle que la Constitution syrienne garantit pourtant "le droit d'exprimer librement ses opinions par la parole, l'écriture ou quelque autre moyen que ce soit" et appelle à la libération de Habib Saleh, ainsi que des trois autres cyberdissidents détenus, dont l'organisation est sans nouvelles depuis le mois de juillet dernier : Firas Saad, Tariq Biassi et Kareem Arabji. ------------- Neuf journalistes et cyberdissidents détenus : Reporters sans frontières plaide la cause des prisonniers auprès de Bachar el-Assad --------------
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Updated on 20.01.2016