Maka Gbossokotto, directeur de publication du quotidien Le Citoyen, détenu depuis le 8 juillet, a été inculpé de "diffamation" et "injures publiques" et conduit à la prison centrale de N'Garaba dans l'attente de son procès.
Il est poursuivi par l'ex-directeur général de la société d'énergie centrafricaine (Enerca), Jean-Serge Wafio, accusé de détournement de fonds par Le Citoyen.
Maka Gbossokotto, directeur de publication du quotidien Le Citoyen, détenu depuis le 8 juillet, a été inculpé de "diffamation" et "injures publiques" et conduit à la prison centrale de N'Garaba dans l'attente de son procès.
Il est poursuivi par l'ex-directeur général de la société d'énergie centrafricaine (Enerca), Jean-Serge Wafio, accusé de détournement de fonds par Le Citoyen.
L'épouse de Maka Gbossokoto a pu lui rendre visite, s'assurer de sa santé et lui apporter quelques effets personnels.
--------------------------------------
9 juillet 2004Reporters sans frontières scandalisée par l'interpellation de son correspondant
Le 8 juillet, Maka Gbossokotto, directeur de publication du quotidien Le Citoyen et correspondant de Reporters sans frontières en Centrafrique a été convoqué à la section recherches et investigations de la gendarmerie de Bangui, afin d'être interrogé sur la base d'une plainte en diffamation déposée à son encontre par l'ancien directeur de l'Energie Centrafricaine (ENERCA), Jean-Serge Wafio.
Ce dernier, démis de ses fonctions par le président de la République, François Bozizé, pour mauvaise gestion, a été accusé de détournement de fonds dans plusieurs articles du Citoyen.
Au terme de l'interrogatoire, le journaliste a été immédiatement placé en garde à vue sur instruction du procureur de la République. Il a passé la nuit en prison et, à l'heure actuelle, n'a toujours pas été relâché.
Les journalistes de la presse privée réunis au sein du Groupement des éditeurs de la presse privée de Centrafrique (GEPPIC) ont décidé, à l'issue de leur assemblée générale extraordinaire tenue le 9 juillet, de suspendre la parution de leurs journaux jusqu'à la libération de Maka Gbossokoto.
"Nous dénonçons cette arrestation qui s'est déroulée dans des conditions scandaleuses. Notre correspondant a été incarcéré sur la base d'une simple accusation de diffamation et nous demandons sa libération immédiate", a déclaré Reporters sans frontières.
"Cette affaire est loin d'être un cas isolé. Deux autres journalistes, convoqués le 9 juillet, ont préféré ne pas se présenter de peur de subir le même sort. Tout cela se déroule dans un contexte de harcèlement général de la presse privée. Nous rappelons aux autorités leurs engagements en faveur de la liberté de l'information lors de leur arrivée au pouvoir en mars 2003", a ajouté l'organisation.
Dans deux communiqués officiels datant du 7 juillet, le ministre centrafricain de la Communication, le lieutenant-colonel Parfait Mbay, a adressé deux mises en garde sérieuses aux médias indépendants.
Dans la première, il a fustigé les "graves dérives constatées ces derniers temps dans certains organes de la presse privée indépendante écrite dont quelques-uns sont instrumentalisés par certains compatriotes pour désinformer, manipuler et nuire à l'image des plus hautes personnalités de l'Etat et d'autres compatriotes". A ce titre, il a tenu à rappeler aux directeurs de publication des journaux visés ce qu'il attend d'eux : "Dire la vérité , rien que la vérité, tout en sachant que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire."
Dans le deuxième message, il a menacé ces mêmes directeurs de publication de fermer leurs journaux si ceux-ci n'ont pas rempli, au 15 juillet 2004, les conditions d'obtention de l'autorisation de publication, conformément aux termes de la Loi n°03/002 du 14 janvier 2003 relative à la liberté de la communication en République centrafricaine. Les organes de presse privés sont donc dans l'obligation de faire parvenir une demande de licence d'exploitation accompagnée d'un extrait de casier judiciaire du directeur.
Depuis le 1er janvier, trois journalistes ont été interpellés et Jude Zossé, directeur de L'Hirondelle, a été condamné à six mois de prison ferme (avant d'obtenir une grâce présidentielle) pour des délits de presse.