Le correspondant du quotidien L'Inter, à Bouaké, Amadou Dagnogo, est rentré à Abidjan. Il a été ramené le 14 octobre au soir, par les militaires français de l'opération Licorne. Le journaliste, qui se porte apparemment bien, est légèrement blessé aux doigts. Son journal avait reçu un bref appel deux jours avant son retour, alors qu'il avait disparu depuis plus d'un mois. Peu de temps avant sa disparition, il avait fait l'objet de menaces publiques par des responsables du mouvement politico-militaire qui contrôle le nord du pays.
Amadou Dagnogo, pigiste pour le quotidien L'Inter, porté disparu depuis un mois et demi dans la zone contrôlée par les Forces Nouvelles (FN), est rentré à Abidjan, ramené par un contingent de militaires français de l'opération Licorne, sur place dans le cadre d'une résolution de l'ONU.
Le journaliste a déclaré à son rédacteur en chef, Charles d'Almeida, qu'il était légèrement blessé aux doigts de la main droite, suite aux violences des rebelles qui voulaient l'empêcher d'exercer son métier. Amadou Dagnogo aurait passé plusieurs jours en prison, avant de pouvoir s'échapper grâce à des relations dans la rebellion de la tendance Guillaume Soro (le leader des FN).
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14.10.2004Le correspondant de L'Inter, à Bouaké est en vie
C'est par un bref appel téléphonique qu'Amadou Dagnogo, le correspondant du quotidien L'Inter, à Bouaké, a donné des nouvelles à son journal, mardi 12 octobre, après plus d'un mois et demi de silence. Le journaliste ne serait cependant pas hors de danger, puisqu'il a affirmé se trouver toujours dans une zone dangereuse.
« Nous demandons aux Forces Nouvelles (FN) de mettre tout en œuvre pour retrouver la trace d'Amadou Dagnogo et sa sécurité, a déclaré Reporters sans frontières. Nous espérons que les responsables des FN, présents dans la zone où se trouve le journaliste, le laisseront rentrer à Abidjan librement. »
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28.09.2004Le correspondant de L'Inter, à Bouaké a disparu depuis un mois
Reporters sans frontières exprime sa très vive inquiétude, un mois après la disparition du correspondant du quotidien L'Inter à Bouaké, la grande ville du centre de la Côte d'Ivoire et fief des Forces nouvelles (FN). Avant de disparaître, Amadou Dagnogo avait fait l'objet de menaces publiques proférées à son encontre par des responsables du mouvement politico-militaire qui contrôle le nord du pays.
« Quoi qu'il soit arrivé à Amadou Dagnogo, souligne Reporters sans frontières, le vocabulaire menaçant utilisé par les responsables des FN est inadmissible. Sans accuser personne, nous demandons néanmoins à ceux-ci des explications sur les intimidations dont a fait l'objet ce journaliste, lequel n'a jamais versé dans les appels à la haine si fréquents en Côte d'Ivoire. De plus, si les FN détiennent des informations sur le sort de Amadou Dagnogo, nous demandons qu'ils les fassent connaître. Les professionnels de la presse doivent pouvoir travailler en sécurité sur l'ensemble du territoire ivoirien. »
Menaces, accusations, convocation : une inadmissible routine
Amadou Dagnogo n'a plus donné signe de vie depuis le 28 août. Ses affaires se trouvent encore à son domicile et aucun de ses proches à Bouaké n'a eu de nouvelles de lui depuis cette date, selon un témoignage recueilli sur place par Reporters sans frontières. Dans les jours précédant sa disparition, le journaliste avait prévenu sa rédaction qu'il craignait pour sa sécurité et qu'il avait notamment « échappé à un guet-apens » tendu par deux hommes en civil qui avaient cherché à l'arrêter. Selon le témoignage de Charles d'Almeida, rédacteur en chef de L'Inter, Amadou Dagnogo avait par la suite été convoqué au quartier général des FN, où il avait été prévenu verbalement que « les écrits de son journal mettaient sa vie en danger ».
Reporters sans frontières est d'autant plus troublée que la disparition du journaliste est survenue quelques jours après que le directeur de la communication des FN avait, en des termes ambigus, officiellement refusé d'autoriser la réalisation d'un reportage de L'Inter à Bouaké et Korhogo (nord). « Cette décision est la conséquence du jeu trouble de votre journal, qui, depuis quelques mois, diffuse des informations fausses, désinforme les Ivoiriens et se complaît dans un jeu malsain de journalisme fiction, au mépris de la sécurité de ses correspondants résidant à Bouaké et à Korhogo », expliquait le courrier de l'adjudant Antoine Beugré daté du 24 août.
Le correspondant de L'Inter avait rendu compte des dissensions dans les rangs des ex-rebelles, notamment du divorce politique entre le sergent-chef Ibrahim Coulibaly et le secrétaire général des FN Guillaume Soro, qui assume également les fonctions de ministre de la Communication. Dans un article du 14 juillet 2004, Amadou Dagnogo faisait également état des menaces proférées publiquement par le maire de Kani, Meité Yaya, envers ceux qui cherchaient à « diviser le Nord », conseillant aux chefs des FN de « faire exécuter systématiquement les brebis galeuses ».
"Zone interdite aux amateurs de la désinformation"
Le climat d'hostilité que font peser les FN dans le nord du pays sur certains journalistes a empiré ces derniers mois. Dans un « éditorial » publié sur son site Internet, le Mouvement populaire ivoirien du Grand Ouest (MPIGO), l'une des composantes des FN, déclare même « zone interdite aux amateurs de la désinformation » le territoire qu'il contrôle, après avoir cité en exemple de ce bannissement le « refus poli » opposé au mois d'août à L'Inter.
Amadou Dagnogo avait été nommé début mai à Bouaké en remplacement de Baba Coulibaly. Ce dernier, désormais en poste à Abidjan, avait également reçu des menaces de responsables des FN, comme au moins trois journalistes en poste dans le nord du pays, interrogés dans le courant du mois de septembre par Reporters sans frontières.
Une source familiale a affirmé à un journaliste local qu'Amadou Dagnogo se serait réfugié au Mali. Reporters sans frontières n'a pas été en mesure de confirmer cette information.