Le correspondant de l’IRFS condamné
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Reporters sans frontières est scandalisée par la condamnation de Hakimeldostu Mekhtiev à une amende de 1000 manats (930 €) pour « utilisation illégale d’électricité », le 27 septembre 2011. Son avocat, Asabali Mustafaïev, a annoncé son intention d’interjeter appel. « Les comptes-rendus d’enquête ont été manipulés et le chef de la municipalité a publiquement reconnu que Mekhtiev était puni pour ses activités de défense des droits de l’homme », a-t-il déclaré.
Le correspondant de l’IRFS (Institut pour la liberté et la sécurité des journalistes) dans la république autonome du Nakhitchevan est la cible de pressions absurdes depuis qu’il a accompagné le reporter allemand Michael Ludwig, qui préparait un reportage dans la région début juillet (voir ci-dessous).
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30.08.2011 - Les persécutions continuent pour le correspondant de l'IRFS
Hakimeldostu Mekhtiev, correspondant régional de l’Institute for Reporters Freedom and Safety a été officiellement accusé de “détournement d’électricité” par le bureau du procureur du district de Sharur. En vertu de l’article 189-1, le journaliste risque une amende de 3000 manats (environ 2600 euros) ou un retrait sur son salaire pendant deux ans maximum. Sanan Pashayev, chargé de l’enquête, a fait signer à Hakimeldostu Mekhtiev une déclaration dans laquelle il s’engageait à ne pas quitter le district de Sharur.
“Nous appelons une nouvelle fois à l’abandon de ces poursuites au motif absurde, et qui ne visent qu’à intimider le journaliste”, a déclaré Reporters sans frontières.
Privé d’électricité, le correspondant d’IRFS subit les pressions des autorités depuis qu’il a accompagné le journaliste allemand Michael Ludwig dans la province du Nakhitchevan début juillet.
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20.07.2011 - Un journaliste subit de fortes pressions au Nakhitchevan
Reporters sans frontières s’indigne des manoeuvres d’intimidation quotidiennes dont est victime, depuis une semaine, Hakimeldostu Mekhtiev, correspondant de l’IRFS (Institut pour la liberté et la sécurité des journalistes) dans la république autonome du Nakhitchevan. Cet incident n’est que le dernier exemple de l’intolérance des autorités locales envers la presse dans cette enclave de l’Azerbaïdjan située entre l’Arménie et l’Iran.
“Les pressions subies par M. Mekhtiev sous les prétextes les plus ridicules doivent immédiatement cesser, et l’agression de deux de ses collègues ne doit pas rester impunie. Les violences contre les professionnels des médias au Nakhitchevan sont régulières et les autorités locales favorisent le développement d’un climat tendu très dommageable à la liberté de la presse dans la province”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le soir du 15 juillet 2011, dans sa maison de Djalil, le journaliste a reçu la visite d’un groupe de policiers et d’hommes en civil avec à leur tête l’adjoint du chef de l’exécutif régional, Aladdin Mamedov, venus démonter l’installation électrique de la petite station de lavage automobile qui lui apporte un complément de revenus, sous prétexte d’“utilisation illégale d’énergie”. Deux collègues venus couvrir l’événement, Elman Abassov (IRFS) et Ilgar Nasibov, correspondant pour l’agence de presse Turan, ont été violemment agressés par les policiers alors qu’ils filmaient et photographiaient la scène. Leur matériel confisqué, les journalistes ont été emmenés au poste de police et relâchés quelques heures plus tard. Le 18 juillet, les trois hommes ont porté plainte auprès du procureur de la République.
Les pressions sur Hakimeldostu Mekhtiev ont néanmoins continué. L’électricité dans sa maison a été coupée. Le 19 juillet, il a été convoqué par le procureur local qui l’a menacé d’arrêter son fils s’il ne retirait pas sa plainte. Selon le journaliste, qui a déjà été victime de pressions dans le passé, cet acharnement s’explique par sa collaboration avec Michaël Ludwig, correspondant pour le Frankfurter Allgemeine Zeitung, qu’il a accompagné durant sa visite au Nakhitchevan début juillet. Le journaliste allemand, pourtant détenteur d’une accréditation en bonne et due forme auprès du ministère des Affaires étrangères azerbaïdjanais, s’est d’abord vu refuser le droit de travailler dans la république autonome par les autorités locales. Après de longs pourparlers, il n’a finalement pu réaliser sa visite qu’en compagnie d’un représentant du gouvernement régional qui rapportait tous ses faits et gestes et l’empêchait de faire son travail d’enquête auprès de la population. Excédé, M. Ludwig a fini par quitter le pays sans avoir pu réaliser son travail.
Journalistes agressés, blocage régulier de la connexion à Internet... La situation de la liberté de la presse au Nakhitchevan est alarmante. Les autorités locales portent une lourde part de responsabilité dans l’établissement de ce climat délétère. Le pouvoir de Bakou (capitale), loin de rappeler à la raison les dirigeants de la république autonome, semble au contraire s’inspirer de leurs pratiques : la violence contre les journalistes a fait son retour en force dans l’ensemble du pays depuis la répression des mouvements de protestation pacifique, en mars et avril 2011. Les enquêtes sur l’enlèvement et l’agression de Seymour Khaziyev et Ramin Deco, en mars 2011, n’ont toujours pas donné de résultat.
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Updated on
20.01.2016