Le corps d'un journaliste disparu depuis trois mois retrouvé calciné

Le 8 septembre 2004, lors d'une conférence de presse, Jesús Ramírez Guerrero, procureur général de l'Etat de Guerrero, a annoncé que le corps de Leodegario Aguilar Lucas avait été retrouvé et que trois suspects avaient été arrêtés par la police. Selon le procureur, ces derniers ont reconnu avoir tué le journaliste le jour même de son enlèvement, le 22 mai 2004, puis l'auraient brûlé et enterré. D'après leurs aveux, l'assassinat ferait suite à une dispute avec la victime autour de la propriété d'un terrain situé à côté d'un hôtel appartenant au journaliste. Contacté par Reporters sans frontières, Fernando Monreal Leyva, le juge d'instruction en charge du dossier, n'a pas confirmé que les restes retrouvés sont bien ceux du directeur de la revue Mundo Político. Des analyses ADN doivent encore être pratiquées. Il a déclaré qu'il existait actuellement trois pistes concernant la disparition de Leodegario Aguilar Lucas et qu'aucune d'entre elles n'était liée à son actvité journalistique. Enfin, Ernestina Aguilera, la sœur du journaliste, rejette la version donnée par le procureur général. Selon elle, il n'existe aucun lien entre son frère et les suspects interpellés supposés. Elle s'étonne d'avoir appris ces informations par la presse et dénonce une manœuvre pour couvrir les véritables responsables. Ernestina Aguilera affirme que son frère est vivant et que sa disparition est liée à son travail. _______________________________ 02.06.2004 - La liberté de la presse menacée en province Un journaliste enlevé et une quinzaine menacés, agressés ou victimes de pressions Reporters sans frontières est préoccupée alors que plus d'une quinzaine de journalistes de province ont été victimes de violences, de menaces ou de pressions de la justice au cours des quinze derniers jours.
"Ces affaires confirment ce que notre organisation constate depuis quelques années : au Mexique, les violences et les pressions viennent le plus souvent des autorités locales qui acceptent encore difficilement le contre-pouvoir que représente la presse", a souligné Reporters sans frontières. "Il faut que cela cesse. Des enquêtes doivent être menées afin de punir les auteurs de ces violences. Le cas de trois journalistes de Colima frappés par le neveu de l'ancien gouverneur est un exemple de l'impunité dont peuvent bénéficier les proches du pouvoir. L'enlèvement d'un autre journaliste dans la ville d'Acapulco doit faire l'objet d'une attention particulière des autorités, tant locales que fédérales", a ajouté l'organisation.
Concernant les interrogatoires informels d'au moins neuf journalistes de Ciudad Juárez pour révéler leurs sources par un fonctionnaire du parquet, Reporters sans frontières a demandé que soit appliquée la directive adoptée le 11 décembre 2003 par le procureur général de la République selon laquelle un journaliste cité comme témoin "ne pourra être obligé de faire une déposition relative à ses sources d'information".
Le 22 mai 2004, Leodegario Aguilar Lucas, directeur de la revue Mundo Político, a été enlevé à son domicile d'Acapulco (Etat de Guerrero, Sud-Ouest) par trois inconnus. Sa famille a demandé aux autorités de ne pas intervenir pour la laisser négocier sa libération. Pour certains de ses collègues, cet enlèvement pourrait être lié aux articles du journaliste sur des irrégularités présumées imputées aux autorités locales. Leodegario Aguilar Lucas est également propriétaire d'un petit hôtel.
Dans l'Etat de Vera Cruz (Sud-Est), Martin Serrano Herrera, fondateur et directeur du journal Tribuna publié à Jalapa, rapporte avoir été agressé dans la rue le 22 mai par trois inconnus. Selon le journaliste, ses agresseurs seraient des agents des forces de l'ordre. Pour lui, l'agression est liée à des articles de son journal mettant en cause plusieurs fonctionnaires de l'Etat de Vera Cruz dans des affaires de corruption et d'enrichissement personnel présumés.
Le 23 mai, Maximiliano Cortéz Zepeda, de Radio Variedades, Mario Solis Espinoza et Edgar Badillo Medina, du quotidien Diario de Colima, ont été agressés par un groupe d'une vingtaine de jeunes dirigés par Samuel Rodríguez Moreno, neveu de Fernando Moreno Peña, l'ancien gouverneur de l'Etat de Colima (Ouest). Les trois journalistes ont été poursuivis dans les rues de Colima (capitale de l'Etat) puis violemment frappés alors qu'ils arrivaient au domicile de Maximiliano Cortéz Zepeda. Des membres de la famille de ce dernier ont également été frappés. Les agresseurs ont fait référence aux informations diffusées par les trois hommes. Ces derniers avaient dénoncé la forte consommation présumée d'alcool et de drogue de Samuel Rodríguez Moreno et ses amis.
Par ailleurs, le 27 mai, au moins neuf journalistes de Ciudad Juárez (Etat de Chihuahua, Nord) ont été contactés par un agent du parquet afin de révéler l'origine des informations qu'ils avaient publiées sur des assassinats de femmes. Selon le quotidien La Jornada, le fonctionnaire du parquet a expliqué que la diffusion de l'information portait atteinte au déroulement des enquêtes. Les journalistes ont refusé de répondre.
Parmi les professionnels concernés figurent Daniel Dominguez, de Radio Cañon 800, Jacinto Segura, du quotidien El Mexicano, Gabriel Jasso, de la chaîne de télévision Canal 56 (affiliée au groupe Televisa), Armando Rodríguez, du quotidien El Diario, Raúl Pérez, de la chaîne Televisión Azteca, Victor Armando Rey, de la chaîne locale Canal 5, Edgar Román, de Canal 44, Carlos Huerta et Salvador Castro, du quotidien El Norte de Juárez.
Enfin, dans un message envoyé à Reporters sans frontières le 29 mai, Francisco Guerrero Garro, directeur du quotidien El Clarín/Sur, publié à Cuernavaca dans l'Etat de Morelos (sud de Mexico D.F.), a rapporté que son journal subit des pressions depuis mars dernier. Il avait alors publié des informations sur l'implication présumée de deux policiers de la ville de Cautla dans une affaire de viol puis mis en cause l'équipe municipale dans une affaire de corruption présumée. Francisco Guerrero Garro affirme que le maire de la ville, Arturo Cruz, multiplie les actes de harcèlement contre le journal et sa correspondante sur place, Margarita Ruiz. Le journal a dénoncé les faits devant la Commission des droits de l'homme de l'Etat de Morelos.
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Updated on 20.01.2016