Le Conseil supérieur de la magistrature ouvre une enquête sur l’agression de Zohra al-Moussawi

Reporters sans frontières prend acte de l’ouverture d’une enquête, le 14 octobre 2009, par le Conseil supérieur de la magistrature irakien, suite à l’appel lancé par un groupe de journalistes au président de cette institution, le juge Medhat al-Mahmoud. Ce dernier est reconnu pour la qualité de ses enquêtes précises menées en profondeur. « L’ouverture d’une enquête judiciaire est la suite logique, attendue et indispensable, après l’agression de la journaliste Zohra al-Moussawi. Le témoignage de cette dernière a déjà été recueilli par le juge. L’investigation doit être menée en dehors de toute pression politique en vue d’identifier et de juger les responsables de cette agression, conformément aux termes mêmes du communiqué officiel du Conseil », a déclaré Reporters sans frontières. ----------------- 13.10.09 - Appel au Premier ministre contre l'impunité et le silence après l'agression d'une journaliste Le 4 octobre 2009, Zohra al-Moussawi, journaliste et présentatrice de la chaîne d’Etat satellitaire Al-Iraqiya, a été passée à tabac par plusieurs hommes inconnus, dans le centre de Bagdad. Des policiers et des membres des forces de sécurité ont assisté à la scène sans lui porter secours. Lors de l’agression, la jeune femme, voilée, a été sauvagement déshabillée. Les assaillants ont ensuite quitté les lieux sans être inquiétés. Depuis plusieurs mois, la journaliste subissait un harcèlement sexuel à travers des messages reçus sur son téléphone. Lors d’une de ses premières et dernières déclarations à la presse, la journaliste a confirmé que l’agression semblait préméditée puisque des hommes suivaient ses allées et venues depuis quelques jours. Selon des renseignements concordants recueillis par Saif al-Khayat, journaliste irakien exilé en France, le responsable de cette agression serait Ahmad Nouri al-Maliki, fils du Premier ministre. Cette information n’est pas divulguée par les médias nationaux de peur de représailles. « Nous exprimons notre soutien à Zohra al-Moussawi qui, malgré l’humiliation et le harcèlement quotidien, compte engager des poursuites judiciaires. Notre vigilance dans cette affaire sera constante, d’autant que cette agression impliquerait une personnalité haut placée », a déclaré Reporters sans frontières. Selon des sources proches de la victime, qui reste injoignable, cette attaque l’a profondément éprouvée. Le responsable de cette agression se trouverait en effet être le fils d’une personnalité politique des plus influentes dans le gouvernement irakien. Cela expliquerait l’impassibilité des policiers lors de l’attaque dans un quartier hautement sécurisé. Le père de la journaliste occupe également une haute fonction gouvernementale. Les pressions familiales aussi bien que politiques ne l’ont pas empêchée de raconter quelques détails de son histoire. Elle a refusé une importante compensation financière, préférant révéler l’ampleur de l’affaire. Le 12 octobre, huit jours après les faits, Nouri al-Maliki, le Premier ministre, a annoncé l’ouverture d’une enquête en toute transparence. Ce dernier, dans ses discours officiels, a régulièrement apporté son soutien aux journalistes et appelé au respect de leur travail. « Nous appelons le Premier ministre à garantir la transparence de l’enquête, hors des pressions familiales et politiques. Il s’agit également de comprendre pourquoi les forces de l’ordre présentes n’ont pas réagi, et pourquoi l’ensemble des médias a passé cette affaire sous silence si longtemps », a conclu l’organisation.
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Updated on 20.01.2016