“Nous déplorons les atteintes à la liberté de la presse qui se répètent à proximité de la zone de conflit russo-géorgien. Toutes les parties doivent s'assurer que les journalistes peuvent travailler dans les meilleures conditions”, a déclaré Reporters sans frontières.
Suite au conflit entre la Géorgie et la Russie, la situation de la liberté de la presse s'est dégradée dans la région. Reporters sans frontières a recensé de nombreuses entraves au travail des journalistes et au droit à l'information de la population géorgienne.
“Nous déplorons les atteintes à la liberté de la presse qui se répètent à proximité de la zone de conflit russo-géorgien. Toutes les parties doivent s'assurer que les journalistes peuvent travailler dans les meilleures conditions”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 8 septembre 2008, une équipe de journalistes de la télévision publique polonaise, Polska TV, ainsi que leur chauffeur géorgien, ont été interpellés par des membres d'une milice ossète puis remis à l'armée russe. Ils essayaient de pénétrer depuis la Géorgie en Ossétie du Sud mais n'avaient pas l'accréditation adéquate. Ils ont été libérés le lendemain et leur matériel leur a été rendu.
Deux jours auparavant, dans la région de Shavnabada (30 kms au sud de Tbilissi), selon les chaînes géorgiennes Roustavi 2 et Imedi, Georgi Ramichvili, cameraman de Roustavi 2, a été tué alors qu'il réalisait un reportage sur une base de l'armée géorgienne. Le journaliste a été atteint par une balle perdue. Les autorités n'ont fait aucun commentaire.
Le 1er septembre, le correspondant du site d'informations Humanrights.ge, Saba Tsitsikachvili, a été pris à partie et malmené alors qu'il couvrait la manifestation Stop Russia à Gori. D'après ses déclarations à la presse, le gouverneur de la ville et son adjoint se sont approchés de lui et l'ont frappé en lui disant que ce serait “désormais comme cela tous les jours”. Le 24 août, Saba Tsitsikachvili avait déjà été insulté par l'adjoint du gouverneur. Le journaliste avait publié quelques jours auparavant un article soulignant les lacunes de l'aide humanitaire apportée par les autorités géorgiennes.
Le 7 septembre, dans la région de Zugdidi (ouest du pays), des militaires russes ont tenté d'arrêter une équipe de tournage de la chaîne de télévision géorgienne Roustavi 2. Les militaires ont tenté de saisir le matériel des journalistes puis ont reçu l'ordre de les arrêter. Sous la menace de leurs armes, ils les ont conduits vers leur base. Seule l'intervention d'observateurs des Nations unies a permis de faire retomber la tension. Les journalistes ont finalement été libérés.
L'accès à l'information reste très limité en Géorgie. Depuis le début du conflit, le 8 août, les chaînes russes câblées ainsi que les sites terminés par .ru sont inaccessibles. Le ministre de la réintégration, Temur Yakobachvili, a déclaré publiquement qu'il était lui-même l'initiateur de la fermeture des chaînes russes sur le territoire géorgien.
“Nous demandons aux autorités géorgiennes de rétablir l'accès à toutes les sources d'informations, y compris russes”, a déclaré Reporters sans frontières.
Les chaînes de télévision géorgiennes sont presque toutes acquises au président Mikhaïl Saakachvili. La seule chaîne d'opposition, Kavkassia, rencontre des difficultés d'émission. Le 1er septembre, la chaîne diffusait son programme quotidien “Spektr”, quand celui-ci a été interrompu alors que les politologues invités critiquaient la position géorgienne et expliquaient que le pays avait perdu 20% de son territoire et qu'“il n'y avait pas de raison de se réjouir”. L'explication officielle sur l'interruption de la diffusion est un problème technique au niveau de l'émetteur. Le directeur de la compagnie de télévision, Nino Djangirachvili, a déclaré à la presse : “J'ai de sérieux doutes sur cette version.”
Enfin l'un des forums de discussion les plus populaires de Géorgie, www.forum.ge, a été brièvement fermé par les autorités. Le 1er septembre, lors de sa réouverutre, l'administration du forum a publié des recommandations. Elle demandait aux utilisateurs de tout faire pour que le site ne soit plus fermé, en particulier de ne pas poster de commentaires “nuisant aux intérêts de l'Etat” ou “pouvant conduire à une scission du pays”. Le 3 septembre, les rubriques politiques du forum étaient “momentanément fermées”.