Le comédien et blogueur birman Zarganar reçoit son prix à Reporters sans frontières
Organisation :
Reporters sans frontières est heureuse de pouvoir enfin remettre au blogueur et artiste Zarganar, en mains propres, le 17e prix Reporters sans frontières de la catégorie “Cyberdissidents”.
Zarganar avait été arrêté, le 4 juin 2008, après avoir témoigné pour des médias étrangers, notamment la BBC World Service, sur la mauvaise gestion et le silence coupable du gouvernement birman face aux dégâts humains et matériels causés par le cyclone Nargis. Il avait été condamné à une peine de trente-cinq ans de prison, en vertu de la loi électronique. Reporters sans frontières avait attribué au comédien son prix dans la catégorie "cyber dissident" en 2008, ex-aequo avec le blogueur Nay Phone Latt. Tous deux purgeaient leur peine quand le prix leur a été décerné.
Zarganar a été libéré le 12 octobre 2011 dans le cadre d’une "amnistie générale" décrétée par le gouvernement pour plusieurs prisonniers politiques. Nay Phone Latt a été libéré lors d’une seconde amnistie, en janvier 2012.
Les 12 et 13 juin 2012, Zarganar s’est rendu à Paris afin de rencontrer les organisations qui l’ont soutenu au cours de ses années en prison. Il a participé, le premier jour, à une rencontre avec plusieurs associations, parmi lesquelles Reporters sans frontières, à la Maison des associations du 3e arrondissement de Paris. Le matin du 13 juin, Reporters sans frontières a eu le plaisir d’accueillir Zarganar dans ses locaux. Le blogueur a reçu son prix et a adressé ses remerciements, et ceux de Nay Phone Latt, à l’organisation pour son soutien de la liberté d’information en Birmanie. Zarganar a également effectué plusieurs entretiens, dont RFI, Paris Match, Le Monde et La Chronique.
Chronologie
Novembre 2008: Peine de prison supplémentaire pour Zarganar
Janvier 2010: Interview de la belle seour de Zarganar, à l’occasion de son 49eme anniversaire
Octobre 2011: Libération de Zarganar
Octobre 2011: Interview de Zarganar après sa libération
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04/12/2008 - Le 17e prix Reporters sans frontières a été remis à Paris à un journaliste cubain, une radio nord-coréenne et deux blogueurs birmans
Le jury du prix Reporters sans frontières a désigné le Cubain Ricardo González Alfonso « journaliste de l'année 2008 » pour sa contribution à la survie d'une presse indépendante dans l'île. Après avoir osé concurrencer le monopole de l'État sur l'information, Ricardo González Alfonso a été arrêté, le 18 mars 2003, avec 26 autres journalistes dissidents, lors de la vague répressive dite du “Printemps noir”. Accusé d'être “à la solde des Etats-Unis” et d'avoir “attenté à l'indépendance et à l'intégrité territoriale de Cuba”, il a été condamné à vingt ans de prison. Il est détenu depuis la fin de l'année 2004 à la prison du Combinado del Este, à La Havane, malgré un état de santé fragile.
C'est pour saluer le courage et la détermination des journalistes nord-coréens de Radio Free NK que le jury du prix Reporters sans frontières leur décerne le prix du Média 2008. Première radio dissidente nord-coréenne, Radio Free NK est dans le collimateur du régime totalitaire de Kim Jong-il. Obsédé par le contrôle de l'information, celui-ci a menacé, à plusieurs reprises, de faire cesser le dialogue avec la Corée du Sud si cette radio, basée à Séoul, n'était pas interdite. Les journalistes nord-coréens qui préparent les programmes de Free NK, sont régulièrement menacés de mort et le directeur est protégé par des policiers sud-coréens depuis qu'un complot pour le tuer a été déjoué.
Enfin, Zarganar et Nay Phone Latt, tous deux blogueurs birmans, ont été désignés lauréats, ex-aequo, de la catégorie « Cyberdissident ».
- Le blogueur et artiste Zarganar, surnommé le « Charlie Chaplin birman », défend les droits de l'homme et dénonce les abus de la junte au pouvoir grâce à ses sketches et aux articles qu'il publie sur son blog, depuis août 2007. Il est devenu une source fiable d'informations, dans un pays étranglé par la censure et la répression.
- Le blogueur Nay Phone Latt, âgé de 28 ans, a été condamné, le 10 novembre 2008, à vingt ans et six mois de prison par un tribunal spécial, réuni au sein même de la prison d'Insein. Il a été reconnu coupable d'avoir violé l'Electronic Act, qui punit sévèrement l'utilisation de l'Internet contre le gouvernement.
Le prix Reporters sans frontières existe depuis 1992
En récompensant un journaliste, un média et un cyberdissident, Reporters sans frontières alerte l'opinion publique sur la diversité des atteintes au droit d'informer et d'être informé, et sur son nécessaire engagement en faveur de la liberté de la presse.
Chaque prix est doté de 2 500 euros.
Depuis sa création, le Prix Reporters sans frontières- Fondation de France a été décerné à :
Zlatko Dizdarevic (Bosnie-Herzégovine - 1992), Wang Juntao (Chine - 1993), André Sibomana (Rwanda - 1994), Christina Anyanwu (Nigeria - 1995), Isik Yurtçu (Turquie - 1996), Raúl Rivero (Cuba - 1997), Nizar Nayyouf (Syrie - 1998), San San Nweh (Birmanie - 1999), Carmen Gurruchaga (Espagne - 2000), Reza Alijani (Iran - 2001), Grigory Pasko (Russie - 2002), Ali Lmrabet (Maroc - 2003) et Hafnaoui Ghoul (Algérie - 2004), Zhao Yan (Chine - 2005) et U Win Tin (Birmanie - 2006), Seyoum Tsehaye (Erythrée-2007).
Plusieurs lauréats ont depuis retrouvé la liberté, quelques semaines seulement ou quelques mois après avoir reçu le Prix. Parmi eux, le journaliste marocain Ali Lmrabet, primé le 10 décembre 2003 et libéré le 7 janvier 2004, le journaliste russe Grigory Pasko, lauréat en décembre 2002 et libéré en janvier 2003. Le syrien Massoud Hamid, lauréat du prix en 2005 dans la catégorie « cyberdissident », a été libéré en juillet 2006. Dernier en date, Win Tin, lauréat 2007, a été libéré en septembre 2008 après dix-neuf de détention.
Le Prix Reporters sans frontières est décerné par un jury international.
En savoir plus sur les lauréats 2008 du 17e Prix Reporters sans frontières
➢ LE JOURNALISTE DE L'ANNÉE qui, par son activité professionnelle, ses prises de position ou son attitude, a su témoigner de son attachement à la liberté de l'information.
Le lauréat est Ricardo González Alfonso, ancien journaliste de la télévision officielle, où il s'occupait des émissions pour enfants. Ricardo González, né en 1950, a rejoint en 1995 l'agence indépendante Cuba Press. Correspondant de Reporters sans frontières à partir de 1998, il fonde en mai 2001 la société Manuel Márquez Sterling avec son ami Raúl Rivero pour former les journalistes indépendants, souvent autodidactes. En décembre 2002, il se lance avec ses collègues dans la publication du bimensuel De Cuba, tiré pour sa première édition à 200 exemplaires. La revue aborde des sujets ignorés par la presse officielle, tels que le racisme à Cuba ou le projet Varela, une campagne ayant recueilli plus de 11 000 signatures sur l'île pour réclamer des changements démocratiques par la voie légale.
Les nominés 2008 dans cette catégorie étaient : Moussa Kaka (Niger) Michel Kilo (Syrie), Natalia Morar (Russie)
Nguyen Viet Chien (Viêt-nam) et J.S Tissainayagam (Sri Lanka).
➢ UN MEDIA qui incarne le combat pour le droit d'informer et d'être informé.
Radio Free NK.
La station diffuse quotidiennement plusieurs heures de programmes dénonçant les mensonges du régime de Kim Jong-il. En Corée du Nord, les campagnes de vérification des postes radio (chaque appareil, mis sous scellés, ne peut être réglé que sur les fréquences des radios officielles) par la police politique nord-coréenne n'ont jamais cessé. Malgré cela, un nombre de plus en plus important de transistors entrent par la frontière chinoise. Ils permettent à certains d'écouter ses émissions diffusées en ondes courtes. Grâce à un réseau de correspondants clandestins dans le pays et à la frontière avec la Chine, Free NK a été capable de diffuser des informations exclusives sur le pays le plus fermé au monde. Son directeur, Kim Seong-min, ancien poète officiel, cultive dans ses programmes un style très "nord coréen" pour se faire entendre de la population victime depuis soixante ans de la propagande.
Les nominés 2008 dans cette catégorie étaient : chrono-tm.org (Turkmenistan), Democracy Now! (Etats-Unis), Contravía (Colombie), wechange.org (Iran), Lynx (Guinée Conakry).
➢ DEUX CYBERDISSIDENTS empêchés de nous informer via Internet
Zarganar : Dérangeant, car il critique les privilèges dont bénéficient certains, la pauvreté, ou encore la corruption du pouvoir. Il a été interpellé en septembre 2007 pour avoir soutenu les manifestations pacifistes menées par les moines bouddhistes. Il a été de nouveau arrêté après avoir témoigné à la BBC sur la situation des victimes du cyclone de Nargis de mai 2008. Le 5 juin, il a été accusé de "trouble à l'ordre public", puis condamné à 45 ans de prison par un tribunal spécial réuni au sein de la prison d'Insein. Quelques jours plus tard, une peine supplémentaire de 14 ans lui a été infligée. Avec lui, deux journalistes ont été condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir collecté des informations sur la situation dans le delta de l'Irrawaddy. Zarganar avait déjà été arrêté en 1988, lors de la sévère répression menée par la junte contre l'opposition. Depuis 2006, les autorités lui interdisent de s'investir de nouveau dans des activités artistiques, dont le théâtre et la réalisation de films.
Nay Phone Latt : Interpellé le 29 janvier 2008 en possession d'une vidéo interdite par la junte militaire au pouvoir, Nay Phone Latt est propriétaire de deux cybercafés à Rangoon. Il tient un blog (http://www.nayphonelatt.net/) sur lequel il témoigne de la difficulté que rencontre la jeunesse birmane pour s'exprimer, notamment depuis les manifestations des moines et de la jeunesse de l'automne 2007. Il a été une source d'informations très importante sur la révolution safran dont les meneurs et les témoins sont aujourd'hui lourdement réprimés. Nay Phone Latt souffre d'un problème aux yeux, mais les autorités de la prison l'empêchent de consulter un médecin.
Les autres nominés 2008 dans cette catégorie étaient : "Zola" (Chine), Cedric Kalonji (République démocratique du Congo), Wael Abbas (Egypte).
Publié le
Updated on
20.01.2016