Le chef de l'état major des armées s'en prend aux médias

Reporters sans frontières s’inquiète de la virulence des propos tenus, le 2 mai, à Ankara, par le Général Basbug, à l’encontre des médias qui avaient critiqué sa stratégie . Suite aux nombreux décès de soldats lors d’embuscades du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), plusieurs médias turcs, dont le quotidien Taraf, ont critiqué les décisions prises par le chef de l’état major des armées, Ilker Basbug. Ils lui reprochent de ne pas avoir agi de manière adéquate, notamment de ne pas avoir envoyé suffisamment de renforts. Face à ces critiques, le général Basbug a eu des propos plus que virulents. Lors d’une visite au mausolée de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République turque en 1923, il a qualifié de « traîtres » les journaux le mettant en cause. Il a ainsi déclaré que « même les journaux de l’époque de l’armistice n’étaient pas aussi traîtres ». Le général fait ici référence aux journaux qui, lors de l’armistice de Mondros en octobre 1918, avaient critiqué la résistance turque. Pour Ahmet Abakay, le président de l’Association contemporaine des journalistes, ces propos sont « irresponsables » et « très dangereux ». Reporters sans frontières le rejoint quand il s’agit de qualifier de telles paroles d’incitations à la violence. Elles risquent en effet de susciter des actions de représailles de la part de nationalistes turcs à l’encontre des médias. Reporters sans frontières appelle les autorités turques à la vigilance et à s’abstenir de déclarations à l’emporte-pièce. Taraf est un quotidien critiquant régulièrement l’armée et les pratiques en son sein, publiant des documents classés secrets. Si le journal n’est pas à proprement parler un journal progouvernemental, sa ligne éditoriale correspond à l’un des objectifs de la politique du gouvernement AKP (Parti de la justice et du développement). Celui-ci souhaite en effet affaiblir le poids de l’armée.
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Updated on 20.01.2016