Le bureau Assistance de RSF toujours plus sollicité face à l’exil forcé des journalistes

Le bureau Assistance de Reporters sans frontières (RSF) connaît une forte augmentation du nombre de demandes d’aide de la part des journalistes, de plus en plus souvent contraints à prendre le chemin de l’exil.

LIRE LE BILAN ASSISTANCE 2022

Le bureau Assistance basé au siège de RSF à Paris fait face à une demande accrue d’aide de la part des journalistes. Selon le bilan assistance 2022, le bureau a traité 825 dossiers de journalistes durant l’année écoulée, soit une augmentation de 25 % par rapport à 2021. RSF a été en mesure de soutenir 408 journalistes (soit 50 % des demandes), tandis que 333 dossiers (40 %) ont été refusés ou n’ont pu aboutir en raison d’une perte de contact ou d’un manque d’information. Enfin, 84 cas restent en attente de réponse (10 %).

Sur 223 bourses à des journalistes, 75 % consacrées à la réinstallation d’urgence

Fait révélateur de l’insécurité grandissante à laquelle font face les journalistes, les bourses pour couvrir des frais de réinstallation d’urgence sont toujours en forte augmentation. Sur les 223 bourses individuelles attribuées à des journalistes issus de 42 pays différents pour un montant total de 418 407 euros , celles consacrées à la réinstallation représentent 75 % des bourses attribuées en 2022 contre 63 % en 2021. 

Ce taux record enregistré par le bureau Assistance résulte notamment de la dégradation de la situation sécuritaire en Afghanistan depuis le retour au pouvoir des talibans, le 15 août 2021. Au cours de l’année passée, la majorité des bourses (58 %) ont été attribuées aux journalistes ayant dû fuir ce pays où de nombreux médias ont fermé et où les journalistes y exerçant toujours sont la cible d’un harcèlement féroce de la part des autorités. Nombre d’entre eux, qui n’ont eu d’autre choix que l’exil, se trouvent dans une situation économique et légale très précaire dans les États voisins, confrontés à une longue attente pour obtenir un visa pour rejoindre un pays sûr. 

Autre pays asiatique qui continue de s’enfoncer dans une répression sans fin, la Birmanie a encore vu cette année beaucoup de ses journalistes indépendants se résigner à partir face au risque d’arrestation et d’acharnement judiciaire. 

La situation instable de ces journalistes nouvellement exilés fait écho à celle des journalistes syriens et iraniens qui, ayant fui des régimes fossoyeurs d’une presse libre et indépendante, ont trouvé un refuge fragile en Turquie, lieu d’accueil mais aussi de haute insécurité pour nombre de professionnels des médias. D’ailleurs, si le pays a été la première destination de plusieurs journalistes russes cherchant à échapper à la répression implacable de Moscou suite au déclenchement de l’invasion en Ukraine, la plupart ont ensuite rapidement cherché une solution pour s’installer durablement dans un pays de l’Union européenne.

285 lettres pour soutenir les demandes de visas et d’asile de journalistes en exil

Le bureau assistance a envoyé 285 lettres en 2022 pour soutenir les demandes de visas et d’asile de journalistes en exil. Ces journalistes étaient issus de 19 pays différents. 

Une grande partie de ces lettres (68) étaient destinées à des journalistes afghans ayant fui au Pakistan ou en Iran et souhaitant trouver refuge dans des pays tiers. Face à la répression accrue de la liberté de la presse, de nombreux journalistes russes (29) ont également fait appel au bureau assistance pour soutenir leur demande de visa et de titre de séjour en Europe, ainsi que les  journalistes iraniens 24 d’entre eux ont reçu des lettres de soutien à leur demande de visa ou de protection auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Enfin, bien que moins représentés que les années précédentes, le nombre de journalistes syriens exilés en Turquie et à la recherche d’un pays tiers reste important. En 2022, 15 journalistes syriens ont bénéficié d’un soutien à leur demande de visa de la part de RSF. 

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