Le blogueur Raja Petra Kamaruddin enfin libre

Alors que “RPK” pénétrait dans la salle du tribunal de la cour de justice de Shah Alam où était rendu le jugement, Marina Lee a confié au correspondant de Reporters sans frontières : “Je ne trouve pas les mots pour exprimer ma joie (...) Nous allons poursuivre notre combat pour l'abolition de l'ISA, afin que cette loi ne puisse plus être utilisée ni contre mon mari ni contre quiconque.”

©TEO Reporters sans frontières se réjouit de la libération du journaliste en ligne Raja Petra Kamaruddin, surnommé “RPK”, le 7 novembre 2008. Créateur du site Internet Malaysia Today (http://mt.m2day.org/2008/), il était emprisonné depuis le 12 septembre, en vertu de la section 8 de la loi sur la Sécurité intérieure (Internal Security Act, ISA), permettant de garder un prévenu en détention pendant deux ans sans jugement. “Nous sommes heureux d'apprendre que le juge, en ordonnant sa libération immédiate, a considéré que RPK ne méritait pas cette peine. La justice malaisienne n'avait pas pris de telle décision en vertu de la loi sur la sécurité intérieure depuis 1987 ! C'est un moment important pour la liberté d'expression en Malaisie et pour RPK, qui va enfin pourvoir retrouver ses proches, même s'il demeure à l'évidence sous la surveillance des autorités. Il est désormais flagrant que loi sur la sécurité intérieure est un immense obstacle à la liberté d'expression des journalistes, des blogueurs et des activistes dans le pays”, a déclaré l'organisation. Alors que son mari pénétrait dans la salle du tribunal de la cour de justice de Shah Alam où était rendu le jugement, Marina Lee a confié au correspondant de Reporters sans frontières : “Je ne trouve pas les mots pour exprimer ma joie, je remercie infiniment RSF de son soutien. Nous allons poursuivre notre combat pour l'abolition de l'ISA, afin que cette loi ne puisse plus être utilisée ni contre mon mari ni contre quiconque.” ©TEO Raja Petra Kamaruddin a été amené dans la salle du tribunal vers 15 heures (heure locale), libre, sur ordre du juge. Ses avocats ont confié à l'organisation : “C'est une décision historique dans l'histoire malaisienne, un signe du changement à venir.” Le 22 octobre, ils avaient invoqué l'habeas corpus pour dénoncer le caractère anticonstitutionnel de l'arrestation de RPK, le 12 septembre à Kuala Lumpur, accusé de “semer la confusion au sein du peuple” et de “porter atteinte à la sacralité de l'islam”, en vertu de l'article 73 (1) de l'ISA selon lequel une détention doit être motivée par des faits “objectifs”. Or, pour ses avocats, la publication d'articles ne constituait pas d'éléments suffisants pour que RPK soit accusé de menacer concrètement la sécurité intérieure. Il a été libéré pour vice de procédure. Le 22 septembre, RPK avait été transféré du commissariat de Kuala Lumpur au centre de détention de Kamunting, sur ordre du seul ministre de l'Intérieur, Syed Hamid Albar, en vertu de l'article 8 (1) de l'ISA. D'après la loi, “si le ministre pense que la détention d'une personne est nécessaire afin de l'empêcher de nuire à la sécurité intérieure de la Malaisie, à l'ordre public ou au bon fonctionnement économique du pays, il peut ordonner qu'elle soit détenue pendant deux ans”. Cet ordre est renouvelable indéfiniment. Lors de sa détention à Kuala Lumpur, Raja Petra Kamaruddin, 58 ans, a été victime d'un harcèlement continu. Enfermé dans une cellule sans fenêtre avec une planche de bois en guise de lit, il a subi des interrogatoires interminables visant à démontrer qu'il était un mauvais musulman. Les policiers l'ont également privé de sommeil. Des charges de “sédition” et de “diffamation” pèsent toujours à son encontre en raison d'articles publiés sur Malaysia Today. Le 10 novembre, il sera entendu par la cour de justice de Shah Alam pour des accusations de “sédition” en vertu de la section 4(1) du Sedition Act de 1948. L'article incriminé met en cause des leaders du parti au pouvoir pour leur implication dans le meurtre d'une jeune femme mongole en 2006. Lors de la première audience, il a déclaré qu'il était non coupable des faits qui lui sont reprochés. S'il est reconnu coupable, Raja Petra Kamaruddin peut être condamné à trois ans de prison ferme.
Publié le
Updated on 20.01.2016