Le blogueur Kareem Amer battu et maintenu en détention illégale
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Reporters sans frontières dénonce les mauvais traitements dont le blogueur Kareem Amer a été victime dans la nuit du 9 novembre 2010 et demande sa libération immédiate. Alors qu'il avait été transféré de la prison de Burj Al Arab, en vue de sa libération au terme de sa peine de 4 ans de prison, un officier l'aurait violemment roué de coups au siège du service de sécurité intérieure. Incarcéré depuis le 6 novembre 2006, le blogueur est toujours détenu, en toute illégalité, après avoir effectué la totalité de sa condamnation et alors que la procédure conduisant à sa libération a été achevée.
“Nous sommes choqués par la conduite criminelle des forces de sécurité. Kareem Amer a déjà suffisamment souffert en prison. La conduite des forces de l’ordre est inacceptable. Une enquête doit être ouverte et le coupable puni. Par ailleurs, les autorités égyptiennes doivent procéder au plus vite à la libération du blogueur, sous peine de bafouer ouvertement la loi. La détention de Kareem Amer se déroule désormais hors de tout cadre légal. Il est temps que son calvaire cesse,” a déclaré Reporters sans frontières
Dans un communiqué, Gamal Eid, directeur de l’Arabic Network for Human Rights Information, a condamné ces “pratiques sadiques contre un prisonnier non armé” qui sont “dommageables pour la réputation du ministère”. Il s’interroge : “Sa libération est désormais obligatoire, alors pourquoi le battent-ils et le retiennent-ils illégalement ?”
Kareem Amer avait été condamné, le 22 février 2007, à trois ans de prison pour "incitation à la haine de l’islam" et un an pour "insulte au président égyptien" sur son blog (www.karam903.blogspot.com). Il y dénonçait les dérives religieuses et autoritaires du gouvernement, ce qui lui avait valu une première interpellation dès 2005. Il écrivait également régulièrement sur les discriminations envers les femmes et critiquait l'université sunnite Al-Azhar où il avait étudié le droit, avant d'être expulsé et poursuivi en justice par ses professeurs.
Le blogueur a été soumis à des conditions de détention déplorables. Il avait évoqué dans ses lettres son "enfermement en cellule d’isolement pendant dix jours" et des "tortures physiques, passées sous silence par le médecin de la prison qui a modifié (son) dossier médical". Sa demande de nouveau jugement avait été rejetée en 2009, tout comme la libération anticipée à laquelle il avait droit après avoir effectué les trois quarts de sa peine.
Dans le monde entier, de nombreux mouvements de mobilisation, organisés notamment par la Free Kareem Coalition (http://www.freekareem.org/), ont vu le jour ces dernières années pour réclamer la libération du blogueur. Reporters sans frontières lui avait décerné son prix “Cyberlibertés“ en décembre 2007. La même année, l'organisation s'était mobilisée à Paris devant l'ambassade d'Egypte et avait manifesté devant le stand du pays à l’occasion du Salon mondial du tourisme. En 2009, Reporters sans frontières avait également mené une action de soutien et de sensibilisation du public et des médias devant la pyramide du Louvres.
L'Egypte se place au 127e rang, sur 178 pays, dans le classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières et fait partie des "Ennemis d'Internet" selon l'organisation, notamment en raison du harcèlement des blogueurs par les autorités.
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Updated on
20.01.2016